Je ne reviendrai pas sur ce dernier millésime des Rencontres d’Arles qui confirme une dégradation de leur intérêt photographique. Cette disparition de l’esprit initial et essentiel des rencontres a progressivement été manifeste depuis une dizaine d’années. L’accélération s’est intensifiée depuis la fin de la dernière décennie, l’entracte de l’épidémie mondiale n’ayant rien arrangé.
Cette dégringolade spirituelle dont tout le monde parlait sans jamais se rendre compte que l’image photographique suivait le même sort. Pendant que le festival était confisqué aux photographes pour tomber entre les mains des administratifs, l’apprentissage de la photographie rejetait les mêmes photographes pour subir le discours d’enseignants « sociophilosophes ».
Depuis quelques années, quelques institutions publiques ou privées, de renom, nous ont présenté moult horreurs photographiques, comme s’il s’agissait de chefs-d’œuvre issus des jeunes générations dites émergentes.
Dans le triste marasme de cette année, quelques critiques photographiques indépendants, peu habitués des vraies Rencontres, se sont trouvés incapables de partager leur ressenti. En conséquence, ils nous ont abreuvé d’enthousiastes descriptions des divers monuments arlésiens qui accueillent des expositions, accompagnés de quelques maigres mots directement fournis, clé en main par l’organisation, pour justifier de leur présence.
Pourtant, entre deux restaurants de la rue Fanton (siège des Rencontres), une petite lueur d’espoir avec les travaux des élèves de l’EFET. Cette école parisienne de photographie a toujours été légèrement en marge des autres écoles et des modes, par le sentiment qu’elle donnait de toujours s’intéresser à la photographie.
Tout ce que les élèves – présents sur place pour la plupart – montraient, nous laisse imaginer que l’école reviendrait vers l’apprentissage des fondamentaux techniques et qu’une image n’est pas obligatoirement conçue pour se moquer du public. Tout n’est pas parfait, c’est toujours difficile à vingt ans de traduire une volonté créative sans maitriser parfaitement les technologies constructives.
Arrêtons de prétexter des soi-disant conflits de génération pour justifier les déroutes de l’incompétence dans la transmission. Nos petits enfants ne sont ni plus intelligents, ni plus stupides que nos arrière-grands-parents. L’Efet semble redonner la priorité à la maitrise des technologies indispensables. Nous devons nous en réjouir pour l’avenir. Car, ce futur dépend de ce que chacun fait de son savoir, encore faut-il qu’il possède un savoir, son propre savoir (pas celui de google, de son boitier onéreux ou d’un ordinateur).
Espérons que l’EFET, suivi de ses confrères, reviendront vraiment aux fondamentaux : la gestion de la connaissance par la curiosité et la dialectique à travers la qualité des images.
Thierry Maindrault
Campus EFET Photographie
20 rue Bouvier
75011 PARIS
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