Cela fait tellement longtemps que je n’avais pas vu une vraie exposition de véritables œuvres photographiques !
Pour le contexte, à l’origine, il y a l’existence d’une collection de photographies qui regroupe un nombre important de clichés exceptionnels, ou pour le moins, fascinants. Toutes ces images, d’une excellente qualité, ont été patiemment collectées par Florence et par Damien Bachelot, selon leurs propres critères de collectionneurs. Premièrement, les photographies acquises ne sont destinées à être déposées dans un coffre dans l’attente de plus-values démentielles. Deuxièmement, la qualité intrinsèque des œuvres, dans leur réalisation et dans le travail effectivement déployé, est incontournable. Troisièmement, l’acquisition d’une œuvre n’est pas induite par le sujet photographié, ni par l’auteur de la création, elle résulte essentiellement de l’œuvre par elle-même. C’est la symbiose entre le sujet et son photographe, à un instant » t » dans des conditions techniques particulières, qui permet à l’image de s’exprimer pleinement avec sa sensualité. L’œuvre par son, ou par ses messages, avant tout autre critère plus ou moins à la mode ou rémunérateur. Florence et par Damien Bachelot sont des collectionneurs vraiment admirables et généreux de surcroit en proposant, au plus grand public possible, la contemplation de leurs acquisitions.
L’étape deux est implication du Musée Réattu, toujours à l’avant-garde dans le cœur des amoureux des techniques photographiques. La propre collection de rêve du musée et son engagement permanent pour des expositions photographiques de qualité en témoignent. Un lien s’est créé entre les deux protagonistes qui ne pouvaient qu’être incontournables. Florence et Damien Bachelot ont confié environ 10 % de leur fonds de collection pour la première fois à un musée (après une première collaboration avec la villa Médicis). Le Musée Réattu de son côté a accepté quelques exceptions dans ses conceptions muséales. Le résultat est plus que convaincant grâce au commissariat bicéphale réussi de Françoise Docquiert et d’Andy Nerotti. Une scénographie de classe avec quelques échappées judicieuses dans certaines salles des expositions permanentes. Pour le reste, de très beaux tirages d’origine présentés dans des salles dédiées permet une lecture et un dialogue parfait avec les images proposées. C’est un sans-faute, à découvrir.
Tout est là et cette exposition – dans sa cohérence – est vraiment très belle. Elle se démarque en dehors des nouvelles modes avec leurs scénographies délirantes, la hiérarchisation graphique abandonnée, les tirages épouvantables (tant numériques qu’analogiques), et les diverses introspections – pseudo-littéraires – explicatives.
Le point numéro trois nous amène à l’essentiel de l’exposition : les chefs-d’œuvre accrochés. Qu’elles soient issues d’un temps qu’aucun de nous ait pu connaître ou qu’elles soient récentes, les photographies exposées sont toutes d’une excellente qualité de réalisation d’origine. L’hétérogénéité des auteurs et des techniques utilisées est sublimée par l’homogénéité de la thématique concentrée sur le portrait humaniste. Chaque épreuve dans son expression personnelle s’impose par son « aura » sans jamais perturber le rayonnement de ses voisines. Tout le propre du chef-d’œuvre qui repose sur la disponibilité de son admirateur. Tout cela avait bien commencé avec les choix initiaux des deux collectionneurs pour l’enrichissement de leur collection.
Si vous passez par Arles, ou à proximité, prenez une heure ou deux, voire plus si affinité, pour découvrir ces images photographiques qui sont entrées, qui entrent ou qui entreront certainement dans le Panthéon de l’Art. Les portraits de la collection de Florence et Damien Bachelot sont bien engagés pour devenir le joyau d’Arles 2023. S’il vous est impossible d’envisager une visite, le très beau catalogue de l’exposition est à la hauteur de l’événement et sûrement accessible auprès de la librairie du Musée Réattu.
PS. Après mon dernier article sur Jacques Léonard, installé au deuxième étage du musée, toute la scénographie a été réinstallée comme prévu initialement. Dans cette nouvelle présentation, les photographies prennent toute l’ampleur qu’elles méritent.
Ces deux expositions phares d’Arles 2023 se trouvent à l’incontournable Musée Réattu, toujours aux avant-postes pour la Photographie.
Thierry Maindrault
Musée Réattu
10 rue du Grand Prieuré
13200 ARLES – France
téléphone + 33 4 90 49 37 58
jusqu’au 01 octobre 2023
ouvert du mardi au dimanche de 10 h à18 h
www.museereattu.arles.fr