Chaque jour de cette semaine, nous vous avons proposé de parcourir Arles et son festival de photographie selon un thème. Avec l’idée que peut-être vous n’aviez la chance de le vivre plus d’une journée. Le thème de ce jour fait référence aux collections, de manière générale. Ces images qu’on exhume, qu’on compile, et qu’on observe parfois avec la fascination du document d’histoire.
Nous débuterons cette journée en se rendant directement aux ateliers, à l’autre bout de la ville, après évidemment un bon thé glacé pour se donner le courage de la marche. C’est là que s’expose Annie Leibovitz et des centaines de photographies sorties des archives de la star, affichées au mur tel dans une salle de rédaction de magazine, des tirages de qualité quelconque organisées par année. L’expérience est intense, historique tellement l’Américaine a photographié, et fascinante par le nombre de personnalités qui ont défilées devant son objectif. C’est l’exposition à voir en Europe cet été. On retiendra une évolution notable dans sa façon de cadrer, aléatoire au début, plus équilibrée par la suite, et l’omniprésence des Rolling Stones, dont la documentation des tournées laisse pantois.
Juste à côté, à l’atelier des forges, il y a Spectre, nom écourté de l’exposition par son équipe elle-même, qui proclame le surréalisme toujours vivant, même s’il mène une vie parfois souterraine. C’est le constat qu’on peut faire en observant la photographie contemporaine ou, plus largement, celle de l’après 1945. Conçue à partir des collections photographiques du Centre Pompidou, l’exposition revient sur quelques-uns des thèmes qui sont nés de la rencontre du surréalisme et de la photographie. Elle montre comment les artistes de l’après-guerre ont puisé dans la sensibilité surréaliste et illustre la façon dont ils ont adapté à leurs fins le rapport des surréalistes à la réalité, poursuivant l’abolissement des règles artistiques et poussant jusqu’au bout le jeu de l’absurde, tout en mettant l’accent sur les enjeux politiques contemporains.
Après trois à quatre heures de photographies, il faudra penser à déjeuner, et un bel endroit sur le retour vers le centre d’Arles est le restaurant Le Criquet, qui propose une sélection de plats de fruits de mer. De là, vous irez digérer en visitant La vache et l’orchidée, formidable exposition de photographies vernaculaires colombiennes. Dans son prolongement, il y a la merveilleuse collection de Claude Ribouillault, qui traverse les époques par des photographies de nains et géants, soit mis en valeur chacun seul ou mis en contraste.
Il sera alors temps de penser à se rafraichir dans un endroit isolé. Quel meilleur lieu que l’espace Van Gogh, qui propose l’exposition Pulsions urbaines, conçue comme un essai visuel sur la ville qui trouve sa signification dans son mouvement même. L’exposition embrasse un demi-siècle de photographie latino-américaine et plusieurs centaines d’images choisies dans la collection de Leticia et Stanislas Poniatowski. Le regard porté ici s’attache à reconstruire l’imaginaire des villes du continent à partir de travaux réalisés par des photographes eux-mêmes entraînés dans la création de l’identité conflictuelle de l’être latino-américain. Une visite à terminer près de la fontaine, non loin de là, pour une sieste bien méritée.
Jonas Cuénin
Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Arles, France