Rechercher un article

Arles 2017 : Les joyeux épouvantails de Claude Ribouillault

Preview

Collectionneur atypique de photographies, cartes postales et objets des arts forains, ce passionné livre ses trésors sortis des cirques et de foires du XIXème où on regardait les nains, les géants ou encore les « nègres » dans des cages ou petites tentes.

D’où vous est venue l’idée de cette collection ?

Je me suis passionné peu à peu pour ces images en flânant dans les vides-greniers. J’aime les cartes postales, les photographies anciennes. J’ai fait des collages aussi…Ce sont des images qui m’émeuvent parce qu’elles disent beaucoup de nous. Il y en aura environ 200 présentées à Arles.

Que disent-elles particulièrement ?

Elles disent sûrement quelque chose autour de notre identité. Comment on considère la différence de chacun. Bien sûr, au départ, il s’agit d’un voyeurisme terrible : celui des foires d’antan où on regardait le géant ou le nain avec des rires parfois moqueurs. Les êtres déformés qui n’y étaient pour rien. Et puis il y avait un business…Mais aujourd’hui, ces images ont peut-être plus de sens parce qu’on peut les regarder avec détachement.

Oui, justement, là est peut-être l’un des buts de cette exposition ?

Tout à fait. Il faut dire quelque chose autour de la différence physique, car finalement elle nous permet de considérer la différence de chacun dans son entièreté. Le géant ou le nain ou encore le « nègre » qu’on montrait dans les foires sont des témoignages absolument saisissant d’une société de l’époque qui ne comprenait pas du tout l’autre. C’est ce qui a motivé ma recherche. Tenter d’apporter une pierre à cet édifice : sauver la différence de chacun. Au moins, la regarder avec bienveillance.

Et puis, il s’agit d’une rencontre avec un corps, un être que nous n’avons pas l’habitude de voir ?

Exactement. Je crois que nous avons beaucoup à apprendre à l’idée d’une confrontation avec des images qui dépassent les usages d’aujourd’hui. Ce qui est intéressant avec le passé est que l’on peut remonter le fil d’une perception et revenir à la préhistoire de l’image : qui on photographiait ? Pourquoi ? Quel était le but de montrer ces bêtes de foires : faire rire, partager l’extraordinaire, les humilier, jeter dessus ses peurs et fantasmes ? Les montrer aujourd’hui peut nous amener à y réfléchir encore.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Gauvin 

Jean-Baptiste Gauvin est un journaliste, auteur et metteur en scène qui vit et travaille à Paris.

Nains, hercules et géants – Collection Claude Ribouillault
Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Arles, France

www.rencontres-arles.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android