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Arles 2017 – Gideon Mendel, Tristes Atlantides

Preview

Le photographe Sud-Africain Gideon Mendel s’est intéressé aux mondes engloutis d’aujourd’hui. Il a fait le portrait des sinistrés d’inondations et a trouvé, au milieu, des perles.

Pendant pas moins de dix ans, Gideon Mendel a parcouru le globe pour immortaliser le péril d’une catastrophe naturelle : l’inondation qui ravage maisons et habitants. Il est allé aussi bien au Pakistan, au Nigéria, qu’à Haïti ou même en France, en 2016, alors que sévissait une crue jamais vue depuis près de cent ans en Ile-de-France.

« Je fais ce travail parce que je suis affolé par le réchauffement climatique depuis que je suis enfant », confie Gideon Mendel. « Avant, quand j’étais gosse, j’étais inquiet de la disparition des ours polaires, mais maintenant je voudrais montrer que le changement climatique n’est pas seulement au bout du monde, mais aussi à nos portes. »

La boue

D’où des portraits saisissants de personnes sinistrées qui osent prendre la pose pour le photographe devant ce qu’ils ont souvent de plus précieux : leur domicile. C’est un couple anglais les pieds dans l’eau, une tenue imperméable qui remonte jusqu’au pull et derrière leur maison complètement noyée. Cette brésilienne qui mime sa vie ordinaire : fumant sur sa chaise longue à la terrasse de sa maison, mais là, l’eau recouvre la chaise longue… Il y a parfois plus inquiétants encore : la boue dans laquelle deux haïtiennes pataugent et qui ne semble être rien d’autre que le salon de leur maison.

Ces images pourraient être indécentes si Gideon Mendel n’avait pas trouvé une perle au milieu de ce désastre. Le photographe a ramassé des photographies de famille qui ont été dévastée par l’inondation et qu’il a retrouvé parfois dans les décombres. En les prenant en photographie, il rend le visage de la blessure morale de ces individus, des anonymes blessés par un cataclysme.

Le poison des sinistrés

Mais il va plus loin encore. Il nous rappelle que la photographie de famille est peut-être parfois plus précieuse encore que n’importe quel bien matériel, ne serait-ce son propre domicile. Sur ces photographies abimées par l’eau rampante d’un déferlement, s’offrent des visages impossibles. Des visages tuméfiés, sans yeux, sans bouches parfois. Mais des visages abimés par l’eau. On pourrait peut-être imaginer que cette eau est celle des larmes des sinistrés de toutes les familles. Qu’importe l’inondation, si elle n’est pas morale d’abord. Car ce que montre le travail de Gideon Mendel est que l’important n’est pas le sinistre d’un tel dommage, mais les conséquences sociales qui empoisonnent les sinistrés.

 

Jean-Baptiste Gauvin

Jean-Baptiste Gauvin est un journaliste, auteur et metteur en scène qui vit et travaille à Paris.

 

 

Gideon Mendel, Un monde qui se noie
Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Arles, France

www.rencontres-arles.com
 

 

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