Série « None Ethnie »
Julien Dumas : un talent se dévoile.
Il aura fallu à Julien Dumas un certain temps pour révéler un talent qui s’est caché des années durant derrière le « manager –magasin « de la célèbre marque à la pomme .Il n’ a jamais perdu la foi en l’informatique mais le travail de Richard Avedon, découvert en 2009 à New-York le mènera ,non vers un chemin de croix, mais vers une rédemption professionnelle par la photographie.
L’envie lui est venue par hasard dans les allées de Paris –Photos de participer au concours SFR Jeunes talents . Tout est limpide chez Julien Dumas et évident : il n’y a rien d’obscur ni de délicieusement caché comme chez Erwin Olaf ou Gregory Crewdson – ces deux maitres à photographier , qui cultivent avec brio la mise en scène du désir ou du mystère . Chez Julien Dumas ne prédomine que l’envie de provoquer, un tant soit peu mais tout en douceur. L’athée, qui se l’avoue, est plus fasciné par la beauté de la gestuelle religieuse, qui clôt le triangle inversé entre voile et ligne des mains, qui portent l’offrande du bouquet de coton. L’allégorie est puissante car elle rassemble femmes blanches et noires dans un dégradé de tons minutieusement éclairé. « Les participantes blanches , dit-il furent plus difficiles à convaincre. Une seule fois, une africaine s’est rétracté mais pour revenir sur sa décision quinze jour plus tard et accepter les seins nus.
Tout est dans le symbole comme le souhaitait Julien Dumas jusqu’ au titre de la série : « None Ethnie » .
Aucune récupération ni manipulation de ces images n’est possible. Aucune ségrégation raciale, ni religieuse n’est à même de ternir le charisme de la beauté des portraits, qui les protège de tout prosélytisme de chapelle.
« Je suis contre le retour de l’esprit de religiosité ambiante qui imprègne notre société, toutes couleurs de peau ou tous signes religieux confondus , précise Julien Dumas. « C’est pourquoi je voulais ce dégradé de couleur pastel qui honore entre les deux extrêmes du blanc et du noir l’égale beauté de la femme aux seins nus en tout respect »
Julien Dumas rêve de pouvoir décliner cette allégorie très contemporaine sur chaque culte. Pour que ces images participent à la paix que toute croyance est censée honorer. Un espoir qui a permis de lever le voile sur un photographe au talent très prometteur.
Alain Mingam