Vendredi 6 juillet à 18h30, à la Bourse du travail, l’équipe de l’association “Pour l’instant” va annoncer la création de la Villa Pérochon, nouveau centre d’art dédié à la photographie en France.
Sylviane Van de Moortele est membre fondatrice et présidente de “Pour l’instant” depuis 1994. Ce projet, porté par un petit groupe de passionné(e)s, est le fruit d’une longue gestation. Elle est avec Jean-Charles Oudinet (trésorier depuis 1994) et Patrick Delat, l’âme de l’association.
“Bien qu’accompagné par la Mairie et le Ministère de la Culture et de la Communication, notre budget de fonctionnement n’est pas encore tout à fait bouclé. Une participation revue à la hausse de la région résoudrait beaucoup de choses”.
“Le groupe d’adhérents Niortais est très actif. Si nous prenons l’exemple de l’exposition actuelle à la bourse du travail, ce sont les bénévoles de l’association qui ont tout fait dix jours avant. La peinture, l’accrochage…. Leur engagement est primordial. Sans cela nous n’existerions pas. La place des membres adhérents et des administrateurs est vitale, il s’agit d’un engagement fort et militant, d’autant que notre priorité va à l’action. Si je regarde le cadre des résidences, les bénévoles sont là pour le montage et démontage de l’exposition et sont présents durant les quinze jours de création pour accompagner les 8 résidents.
La Villa Pérochon est un centre d’art contemporain photographique qui a fait le double choix de la promotion des jeunes artistes et d’une approche culturelle de la réalité, que celle-ci soit sociale, environnementale ou autre(s). L’actualité artistique doit rester ouverte à la diversité et garantir notre citoyenneté culturelle.
Le Centre d’art contemporain photographique avec les Rencontres de la jeune photographie internationale, clé de voûte de son programme annuel, permet au public mais aussi aux artistes en résidence de découvrir et de surprendre. C’est un lieu d’é́changes, d’expérimentations, de confrontations intergénérationnelles. La reconnaissance par le milieu artistique et le public averti de cette manifestation, outre la qualité de l’accueil proposé, est due à l’esprit et aux valeurs régnant lors de cette manifestation : la liberté, le partage, le respect, la découverte. Aujourd’hui, plus que jamais, ces valeurs doivent être promulguées.
Un centre d’art contemporain photographique qui s’inscrit pleinement dans la cité et son histoire, s’appuyant sur plusieurs lieux de la ville : la Villa Pérochon (avec son jardin et sa galerie de 130 m2), le Bélvédère au Moulin du Roc (galerie d’exposition de 100 m2), le Fort Foucault (pour la résidence d’artistes) et le Coin photo (atelier de production et de formation).
Pour Nicolas Marjault, adjoint à la culture de la ville Niort, il s’agit de défendre une vision sur du long terme : “En 2008, lorsque le nouveau maire est arrivé avec son équipe, la priorité a été donnée à la culture. L’ancienne mairie voyait essentiellement par le sport. Nous ne pouvions pas intervenir dans tous les domaines et nous nous sommes concentrés sur les arts visuels avec la photographie en tête de pont. L’association “Pour l’instant” s’est avérée être la structure idéale. Il faut savoir que la population de Niort est de 60.000 habitants, c’est un îlot urbain dans un territoire rural.
C’est un vrai défi, nos priorités sont l’éducation, à l’image, au soutien à la création contemporaine et à la mise en réseau des acteurs de la culture. Ce qui est intéressant est le rapport qui s’instaure entre l’hyperlocal et le mondial. Lorsque l’on fait venir à Niort des artistes étrangers qui transmettent à des jeunes photographes, le pari est réussi. La Villa Pérochon est un leg à la ville. C’était la maison d’Ernest Pérochon, écrivain qui a obtenu le Prix Goncourt 1920 pour « Nêne ». Il s’agit d’une belle maison de style Art Déco avec un immense jardin et une double circulation pour les domestiques et les propriétaires. Ce projet court depuis 3 ans et un million d’euros ont été investis (50% du financement venant de la ville, 25% de l’état et 25% du département).
Pour la mairie, la priorité est que l’ensemble des travaux soit terminé avant les prochaines élections. Parfois même pour la majorité cet investissement sur la photographie est mal compris. Nous sommes sur des écritures contemporaines et je considère que notre travail est aussi de bousculer. Répondre à la loi du marché, ce n’est plus de la politique publique.”
Patrick Delat est le directeur de la Villa Pérochon. Il a mis en place les premières résidences en 1994 avec une idée orginale : “Choisir un référent artistique est une sacrée alchimie. Je recherche une personnalité reconnue qui soit en capacité d’être dans le partage d’expériences et qui adhère au projet. Sa pratique artistique doit être différente de ses prédécesseurs. Le référent artistique a parfois été secondé par un conseiller technique qui se trouve être souvent un tireur reconnu. Depuis 2002, un staff technique a été constitué avec Michel Paradinas et Charlie Jouvet. Il accompagne les jeunes artistes en création en maîtrisant toute la chaîne de production”.
“La construction du groupe est importante, si une installation collective doit être réalisée il s’agit toujours de travaux individuels. Les seuls moments communs sont les repas. Les membres de l’association sont invités, le public parfois aussi. « On ouvrait la table”, il y a eu de vrais rencontres ».
Il s’agit d’une véritable performance dans la mesure ou le groupe crée mais réalise aussi l’exposition et le montage. Nous les accompagnons bien sûr. 15 jours, c’est pour moi la juste limite d’une vie communautaire ».
Entre 250 et 350 dossiers sont reçus; la moitié sont des candidatures françaises, il y a aussi une majorité d’européens. “Ils sont pris en charge à partir de Paris. Dès lors le travail doit être leur unique obsession. Nous les déchargeons au maximum. Nous souhaitons ouvrir le plus de portes possibles, à la fois dans la diversité des photographes invités et dans l’ouverture du regard aux publics”.
On retrouve dans les résidents des photographes aujourd’hui confirmés : Eric Baudelaire, Sabine Delcourt, Miriam Rousseau, Sinon Sandrine Expilly, Alexa Brunet (collectif Transit), Sylvie Fraissard, Laure Bertin, Brigitte Grignet (VU’) ou encore Isabelle Le Minh (qui est exposée aux Rencontres 2012).
“J’ai vécu de très bons moments avec les référents artistiques. Je pense par exemple à la résidence de 1998 avec Hugues de Wuerstemberger. Ce fut une résidence d’une grande générosité, d’entraide mutuelle entre tous les participants, qui in fine se sont appropriés le travail de chacun. Je n’ai pas compté les nuits blanches.”
Petit secret dévoilé aujourd’hui : Isabelle Muñoz sera la référente artistique de 2013.