C’est un entrelacement de dessins et d’images. C’est une rencontre entre les premiers et les seconds, dans des tonalités de gris, de bleus et de teintes saturées parfois, flamboyantes, ponctuant ce projet, le portant, comme un élément novateur.
Le crayon est maîtrisé, et transforme avec ingéniosité la photographie, ou la laisse se glisser parmi les croquis pour prendre pleinement sa place. Puis une page haute et forte en couleurs surgit. Elle amène un contraste qui s’avère être nécessaire pour rompre la monotonie d’un manga classique. Nous sommes ici dans la création.
Depuis deux jours, Mat Jacob et Monica Santos sont de passage aux Rencontres. Ils en profitent pour présenter leur nouveau projet à un cercle d’amis. Son nom de code : “Le manga project” devrait prendre corps sur trois supports : l’édition, l’exposition et le web.
Commencé en 2010, dans le cadre d’une résidence à Tokyo dans le « Tokyo Wonder Site« , ce projet était initialement prévu pour les 20 ans de Tendance Floue sous la forme d’une revue grand format. Finalement, trop ambitieux, il n’aura pas lieu.
“Le manga project” mûrit, son scénario va s’écrire à quatre mains. Monica et Mat ont chacun leur spécificité. Monica se concentre sur le dessin et Mat sur la photo.
“Pendant que Monica dessine et réalise la graphisme, j’écris le dialogue et le scénario. Nous avançons au rythme de nos moyens. Le projet évolue et se fait au gré des soutiens. Une aide d’Olympus vient de nous permettre de réaliser un volet à Brest et de travailler avec un calligraphe. Didier Quilain, Président du Directoire Olympus France, a eu la curiosité et l’audace de partir sur un projet marginal par rapport au monde de la photo.”
Monica et Mat insistent sur le côté confidentiel de la présentation. « Une année est encore nécessaire à sa réalisation. Aujourd’hui, nous le présentons à des amis et leurs réactions sont importantes. Les planches intriguent, c’est hybride. Nous sommes entre le roman photo et la manga.”
Pour Mat, dont c’est la première expérience dans la BD : “Dans ce domaine, nous n’avons rien à perdre. Notre champ des possibles est large. Nous découvrons, notre démarche est du coup très libre. Le scénario est à la fois ordinaire et loufoque. Nous essayons de faire passer un message sur la photographie. Ce qui est intéressant, c’est que cette approche me permet de mettre entre parenthèse mes interrogations sur l’approche documentaire. J’ai plus de recul sur ma photographie. D’autant que mon personnage est caricaturé.”
Monica a la délicate mission de dessiner sur la photographie : “Chaque image est digérée et revisitée de manière artisanale. Je repasse manuellement et transforme le travail de Mat. Parfois nous passons de la photographie au dessin, le lecteur doit aussi être interpellé par le traitement.” Mat précise que finalement, il s’est posé la question de savoir : Qu’est ce qui est le plus réel, la photographie ou le dessin final ?”
Au-delà de Monica et de Mat qui se mettent en scène, tous les personnages existent. Ils jouent leurs propres rôles et leur nom/prénom ont été gardés. L’histoire se situe entre Brest, Paris et Tokyo. Il s’agit d’un photographe qui se fait voler son oeil directeur. Il apprend que la femme qui le lui a volé est à Tokyo. Une poursuite-enquête s’engage.
“Aujourd’hui nous cherchons à finaliser “Le manga project” de manière sereine. Sachant que nous sommes en parallèle sur d’autres projets, rien ne sera finalisé avant 2013. Les partenaires sont bienvenus, nous pouvons leur présenter fin août, un dossier abouti” précise Monica.
Samantha Rouault et Wilfrid Estève.
Pour tout renseignement sur “Le manga project”, vous pouvez contacter Monica Santos ([email protected] ou 06 42 16 41 20).