Il arrive parfois que l’enthousiasme traverse le pont puis s’essouffle.
Dans la nuit noire, les lettres NUIT DE L’ANNEE flottaient fièrement sur le Rhône.
L’idée était bonne et le demeure encore aujourd’hui, au lendemain d’une soirée qui devait s’annoncer festive.
Les yeux grands ouverts, car c’est ainsi qu’il faut venir à Arles, tout était, semble-t-il, concentré pour absorber de belles images.
Des chiffres dans l’obscurité ponctuaient un paysage linéaire que l’on aurait préféré en boucle, plus appropriée très certainement pour un tel évènement car plus chaleureuse de par sa forme.
Les bandes sonores pour la plupart inadaptées auraient pu, pour ne pas dire dû, être plus réfléchies. Trouver le juste équilibre entre l’image projetée et le son, un défi.
De rencontres trop fréquentes avec des images assez mal définies, faisant ressurgir un sentiment de déjà vu, mon attention a été retenue cependant par les séries présentées par Polka, mais aussi « Second Thoughts » par Igor Posner (Prospekt), « On a retrouvé Chrysalide » par Théophile Trossat et Emilien Urbano (Studio Hans Lucas), « Les enfants de Mahaba » par Mat Jacob (Tendance Floue), « Clichés de campagne » par Guillaume Binet, Lionel Charrier et Ulrich Lebeuf (Myop – Inter) , « Les chaînes d’arpaio » par Jon Lowenstein (Noor).
A chaque nouvelle série, le renard, symbole du Festival cette année, venait vers chacun comme marqueur d’une transition. Entre chien et loup, l’animal arrivait, rusé.
Pourquoi ? – me suis-je demandée – cette nuit tant attendue a-t-elle été aussi peu dirigée ? J’ai cherché sans répit le fil conducteur de la soirée, élément clé d’une possible réussite. Pourtant, tous les éléments concordaient pour que ce moment là soit une nuit inoubliable. Car avec un tel titre, on peut difficilement faire autrement.
Aussi, et à juste titre, j’aurais aimé vivre tout d’abord l’évènement dans un autre lieu. Car Arles, la fabuleuse, regorge de mille et un trésors.
J’aurais aimé y voir plus de monde, plus de gens captivés par ce qui leur étaient montrés. J’aurais aimé surprendre des conversations, entendre des débats, des éclats de voix, des applaudissements, de l’émotion. Car c’est bien cela qui a le plus manqué à une nuit presque déjà oubliée.
Samantha Rouault
Le reportage photographique a été réalisé par Wilfrid Estève avec un boîtier OM-D et un objectif M.Zuiko 12 mm f/2 aimablement prêtés par la société Olympus. Remerciements à Thierry Bourque et les techniciens du stand de l’hôtel Arlatan.