Il est exactement 19:30, le dimanche 7 juillet 2012, et j’ai terminé ma dernière revue il y a exactement une heure et dix minutes. Ç’a été mon troisième et dernier jour au Photo Folio Review des Rencontres d’Arles et aujourd’hui, j’ai une nouvelle fois rencontré des photographes de tous âges produisant un travail qui va de la poésie visuelle à la dure réalité. Je vais vous présenter les trois projets qui m’ont le plus marquée !
Gilles Roudiere a été l’un des premiers que j’ai vu aujourd’hui et m’a présenté une copie du livre de son projet Shitet. Le photographe français qui vit actuellement à Berlin a voyagé plusieurs fois en Albanie ses dernières années, produisant un projet photographique plein de sensibilité sur ce pays troublé. Son langage est très contrasté, poétique et mélancolique, et toutes ces photographies sont en noir et blanc. Son but est d’amener le spectateur au plus près de ce pays terrifiant, mais en même temps fascinant et Roudière affirme que « l’Albanie a une âme envoûtante qui ne peut manquer de vous hanter ; elle exhale quelque chose de mystérieux, une magie difficile à décrire » – les photographies de Roudiere rendent parfaitement son expérience et sa perception de ce pays.
Into The Silence – Hermits of the Third Millennium est l’étude au long cours menée sur les ermites contemporains par Carlo Bevilacqua, un photographe italien basé à Milan. Selon lui, les ermites sont « un phénomène fascinant, en voie d’expansion », des habitants de ce monde intelligents et bien éduqués qui, pour des raisons variées, décident de vivre une vie solitaire. Le photographe a rencontré et passé du temps avec une douzaine d’entre eux à travers le monde pour un résultat tout à fait surprenant. Je suis certaine que nous verrons bientôt son livre dans toutes les librairies.
Peu après, j’ai eu le plaisir de rencontrer le photographe basé à Londres Samuel J. Bland. J’ai été particulièrement touchée par son projet, The Long Walk Back, qui est le résultat d’un voyage inhabituel à travers l’Angleterre. Bland a décidé de marcher de sa résidence à Brighton à l’endroit où il est né, Durham, en passant par tous les endroits où il a pu vivre entre temps. Le désir lui en est venu de sa sensation d’être déconnecté de l’espace dans lequel il vivait, et il pensait ainsi pouvoir « faire face à ses propres souvenirs et à son identité » et explorer « l’âme de ce pays et de ces gens aujourd’hui ». Il présente souvent ses images avec ses propres textes, évoquant un journal.
Après avoir rencontré 40 photographes et parlé pendant 800 minutes à propos de toutes sortes de projets, je quitte la Salle des fêtes d’Arles. J’ai vu des choses très intéressantes et abouties, aussi bien que des photographes qui viennent juste de commencer à explorer le médium mais tous m’ont fourni matière à réflexion et j’ai déjà hâte d’être à ma prochaine revue de portfolio aux Encontros da Imagem festival à Braga, au Portugal, en septembre.
Par Anna-Maria Pfab