Née en 1950, la photographe américaine Arlene Gottfried est décédée hier mardi 8 août 2017. Un hommage lui sera rendu ce jeudi 10 août au Riverside Memorial Chapel, 180 West 76th Street, New York. Arlene Gottfried était connue pour son regard passionné sur New York, sa ville de toujours. Née à Brooklyn, sur les rivages de Coney Island, elle y passa sa jeunesse avant de déménager avec le reste de sa famille, d’immigration juive, dans les quartiers d’Alphabet City.. Elle fut diplômée du Fashion Institute of Technology, avant de collaborer pour le New York Times, Time, Fortune. Ses photographies ont intégré les collections de la Maison Européenne pour la Photographie (MEP), du Brooklyn Museum of Art ou de la New York Public Library. Son dernier livre, Mommie, avait reçu le prix Time Magazine’s Best Photobook en 2016.
Son père Max lui confie un appareil photographique lorsqu’elle est encore adolescente. Elle part jeune à Woodstock avec son 35 mm, en ayant peu de repères ni de connaissances photographiques. Cette innocence lui permet d’approcher au plus près ses sujets. Au milieu des années 70, Arlene Gottfried saisit d’un regard légèrement amusé toute la faune et la flore des plages de son quartier natal, Coney Island. « Nous vivions à Coney Island et nous étions exposés à toutes sortes de gens… Personne d’autre n’aurait pu voir le drôle et le bizarre et le capturer ainsi », racontait son frère Gilbert Gottfried (The Guardian). Par la suite, elle reçoit sa première commission du New York Times. Ces années là sont remplies de hauts et de bas, au rythme des commissions pour Village Voice, Life. Son frère explique sa relative notoriété, dans l’ombre d’autres photographes émergents, tel qu’Annie Leibovitz, par son appétence pour des sujets simples, attirée par rue, par le comique du quotidien plutôt que pour les stars et les paillettes.
Dans sa série ‘Bacalaitos & Fireworks’, Arlene Gottfried donne à voir une tranche savoureuse du quotidien new-yorkais. Celui, plus précisément, des portoricain qui peuplent le Lower East Side. L’oeil retient les vendeurs ambulants de poissons frits, les soirées chaudes d’été éveillées par de soudains feux d’artifice, la pauvreté, les drogues, la fête. Elle arpentait les « blocks », connaissant ses sujets, captivant leurs singularités. Et de cet attachement pour le sujet, l’humour brille, ressort, éclate. Il » né de la présence avec les gens », elle se mêle aux gens, évolue et vit parmi eux, comme elle l’explique au New York Times en 2016.
Son dernier livre, Mommie: Three Generations of Women, publié aux éditions PowerHouse, trace le portrait historique de sa propre famille sur une période de 35 ans : sa grand-mère centenaire, sa mère, fragile et malade et sa soeur. Les photographies montrent cette famille juive, pauvre et simple dans leur petit appartement de l’avenue A. Le livre est superbe, simple, intime comme drôle. Ainsi pourrait être qualifiée son oeuvre.