Chaque année, pour sa programmation automnale, la maison rouge expose une grande collection internationale. Cette année, c’est l’exceptionnelle collection de photographies d’Artur Walther qui sera dévoilée. En vingt ans, Walther a rassemblé des collections par pays en commençant avec la photographie allemande, puis américaine, pour se tourner ensuite vers la photographie africaine et asiatique.
L’exposition Après Eden, dirigée par le commissaire Simon Njami, présente une sélection de plus de 900 oeuvres d’une cinquantaine d’artistes. Photographies historiques, daguerréotypes, photographies contemporaines, vidéos, revues, albums de la fin du xxème siècle créent un parcours autour du paysage, du visage, de la performance, du portrait et d’essais anthropométriques ou ethnographiques.
Après Eden, par Simon Njami
Une collection s’apparente à un monde.
Un univers personnel en constante évolution dont le collectionneur, parfois, ne maîtrise pas tous les confins. Pénétrer en cette terre étrange revient à jouer le rôle d’un explorateur en charge de la réalisation d’une cartographie inédite.
Chez Artur Walther, le monde se divise en des catégories récurrentes, introduites à mesure que le collectionneur se connaissait mieux et comprenait progressivement le sens du geste premier qui lui a fait acquérir une photographie : la nature, c’est-à-dire nommément le paysage, les portraits, la performance, la ville et l’altérité pointée par la science et les livres et les albums, qui constituent également l’un des domaines de prédilection de la photographie.
Le titre de l’exposition, Après Eden, s’est imposé à travers les séquences et les segments qui constituent la collection. Ce que raconte la collection Walther n’est pas l’histoire que je peux, observateur extérieur, percevoir. Dans ce que j’observe, je n’apprécie pas uniquement les images rassemblées, mais la manière dont elles l’ont été. Bien qu’elles aient une vie propre, qu’elles soient chargées de l’intention de leurs auteurs, c’est à travers le regard du collectionneur que je les perçois. Car ce dernier est intimement lié à ce qu’elles pourraient me dire, dans ce contexte très précis.
Les paysages, les visages, les performances, les portraits et les essais anthropométriques ou ethnographiques s’organisent autour d’une logique causale. Il y a une histoire. Car une exposition n’est rien d’autre qu’une narration, une interprétation qui intervient à un niveau global, total. Il apparaît, dès que l’on met les images bout à bout, selon une logique humaniste, une universalité qui transcende les dates, les lieux et les techniques. La mise en équation scientifique du monde et de ses habitants est également présente, dans cette quête qui contient une dimension alchimique.
L’Afrique, l’Europe, l’Asie, n’ont plus vraiment d’importance. Les spécificités géographiques disparaissent pour nous donner une méta-vision qui les transforme en épiphénomènes. La photographie, encore une fois, nous dit souvent autre chose que celle qu’elle prétend montrer.
J’y ai surpris un conte, une parabole dont la matière première est l’humain. Après Eden est le résultat de la confrontation de deux regards : celui du commissaire et celui du collectionneur. Et de cette confrontation, de ce dialogue entre deux sensibilités différentes est né quelque chose qui n’appartient plus ni tout à fait à l’un, ni tout à fait à l’autre.
Artur Walther est né à Ulm en Allemagne. Il vit et travaille à New York. Ancien banquier d’affaires, il ouvre sa collection au public en juin 2010 avec l’inauguration d’un musée constitué de quatre bâtiments et situé dans un quartier résidentiel de sa ville natale, Neu-Ulm / Berlafingen, dans le sud de l’Allemagne. Il soutient depuis vingt ans des programmes et des bourses photographiques.
Artur Walther a débuté à la fin des années 1990, collectionnant tout d’abord des oeuvres de photographes allemands contemporains – notamment les Becher et August Sander – avant d’étendre sa collection de photographies et vidéos aux quatre coins de la planète. Celle-ci constitue désormais l’ensemble le plus important de photographie asiatique et africaine contemporaine au monde.
EXPOSITION
Après Eden
Collection Artur Walther
Commissaire d’exposition : Simon Njami
Du 17 octobre 2015 au 24 janvier 2016
La maison rouge
Fondation Antoine de Galbert
10 bd de la bastille
75012 Paris
France.
33 (0) 1 40 01 08 81
[email protected]
www.lamaisonrouge.org