Non, m’a répondu abruptement Elizabeth Avedon quand je lui ai demandé d’écrire le texte sur le livre d’Antonio Lopez à paraître chez Twin Palms. Pourquoi ai-je demandé interloqué ? parce que ce livre aussi sublime soit-il est une souffrance, celle d’une époque révolue et de disparitions toujours aussi douloureuses. Cette réflexion est tellement vraie. Le livre dépeint 15 années uniques dans notre histoire, 1969-1984. Celles qui vont voir naître une totale liberté sexuelle qu’elle soit hétéro ou homosexuelle. J’ai bien connu Antonio Lopez et son complice, et double, Juan. Antonio était un personnage flamboyant, charismatique, bourré de talent et de créativité, précurseur de tendances, provocateur né, séducteur roué, pygmalion étonnant (c’est lui qui découvrit à Paris, Jessica Lange et Jerry Hall, cette dernière alors étudiante texane de 17 ans.) Son appartement de St Germain des Près, comme son studio loft de New York furent les lieux des plus belles fêtes. Toutes les femmes étaient sublimes et tous les hommes séduisants. Fêtes sans fins, rencontres hétéroclites, provocations sans limites, Antonio les enregistrait et les mettait toutes en scènes. Au début des années 80, l’apocalypse arriva sous le visage du SIDA. On a oublié combien la créativité de cette époque a été décimée. L’imagination, la folie, le rêve, disparaissaient un peu plus chaque semaine au grè des enterrements. Il reste ces images. Nous avons survécu. Ce fut la fin de l’innocence.
Jean-Jacques Naudet
Instamatics
Antonio Lopez
Twin Palms, 2011
11 x 14 Inches
160 Pages
$75.00
ISBN: 978-1-931885-94-2
