C’est un feuilleton policier dans la pure tradition du photojournalisme. Le photographe américain Antonio Bolfo, représenté par Reportage de Getty Images, a suivi une brigade de la police de New York durant deux années pour une série sans sensation. C’est dans un quartier défavorisé, le South Bronx, que Bolfo a choisi d’accompagner ces hommes avec l’idée d’en tirer des portraits de vie plus nuancés que les habituels clichés du méchant flic. « J’ai tout de suite voulu montrer un visage humain de ces policiers, dit-il. Une forme de réponse contre la stigmatisation et la catégorisation des forces de l’ordre. »
En s’intégrant à un groupe de jeunes recrues fraichement sorties de l’école, le photographe savait qu’il serait le témoin d’arrestations mais aussi de moments de doutes ou d’inquiétude. « Cette brigade surveille une zone forte en criminalité, explique Antonio Bolfo. Ces cités, les housing projects, ne sont pas qu’un mythe urbain. Ils sont dangereux et abritent gangs, dealers, meurtriers, violeurs. » Sans oublier les cas un peu moins dangereux et plus fréquents, tels que ceux de violences domestiques ou d’enfants disparus.
On trouvera ainsi dans Impact, au milieu de clichées d’hommes menottés, un certain nombre de scènes de repos : un policier reçoit un appel radio tandis que l’un de ses collègues se passent les mains sur le visage ; deux autres passent du temps sur leur téléphone portable ; trois képis parcourent les rues enneigés de la mégapole américaine, cigarette à la bouche ; un énième s’accoude à la barrière d’un toit d’immeuble. Des photographies majoritairement au grand angle qui rendent souvent compte d’une émotion, d’une attitude singulière et qui peuvent laisser la place à la beauté d’un regard perdu.
Avant cela, Antonio Bolfo avait lui même officié dans les rangs du New York Police Department. C’était juste après avoir quitté son travail dans une société de jeux vidéo pour tenter « une expérience à caractère plus social ». En devenant photographe de presse spécialisé dans le reportage, l’homme sait toujours « qu’il ne peut pas sauver le monde », mais qu’il reste un témoin privilégié de ses événements sociaux majeurs. Puisse-t-il continuer sur cette voie.
Jonas Cuénin
