Le Sahara occidental est un territoire bordé par le Maroc au nord, l’Algérie au nord-est et la Mauritanie à l’est et au sud. Il est aujourd’hui la dernière colonie d’Afrique. Depuis la colonisation espagnole, les Marocains bloquent depuis quarante ans le processus d’autodétermination du peuple sahraoui. Conflit, exil et occupation tracent les grandes lignes de l’Histoire moderne de ce territoire.
Cette année 2016 marque donc le 40e anniversaire de ce conflit et de la longue attente des Sahraouis pour ce droit inaliénable des peuples à décider de leur propre destin par le biais des urnes.
Le peuple sahraoui voit depuis des décennies sa population coupée en deux. D’un côté, ceux vivant sous l’occupation marocaine et de l’autre, plus de 150.000 réfugiés subissant l’exil en survivant dans les territoires libres et dans les campements de la région de Tindouf en Algérie. Séparés par le mur le plus long du monde après la muraille de Chine (2.700 kilomètres), les Sahraouis ne perdent pas l’espoir d’être un jour réunis pour pouvoir exercer leur droit : celui de l’autodétermination.
C’est dans l’un des 5 campements parmi les plus inhospitaliers du monde que vit Slaka. Comme tous ici, Slaka survit. Elle a grandi sans avoir jamais mis un pied dans son pays, mais elle s’est construite avec l’esprit de la lutte qu’elle doit transmettre à la nouvelle génération. Les campements ne sont pas des prisons à ciel ouvert, mais des lieux de vie avec des gens dynamiques, qui s’organisent et qui luttent pour améliorer leur quotidien. Ce travail photographique souhaite trouver de la couleur dans ces murs. Au-delà d’une lutte pour une cause, il y a aussi une vie qu’il faut construire. Une femme qui lutte, c’est aussi une femme qui vit. À travers Slaka, ce reportage souhaite parler de cette vie d’exil.
« Le confit du Sahara Occidental fait figure de proue dans la lutte pour les droits de l’homme, le droit international, dans le droit inaliénable des peuples à décider de leur propre destin. Cette lutte est occultée en France. Aborder la question sahraouie par la situation des femmes au sein de cette société m’est apparu comme un angle d’approche transversal intéressant et d’actualité. C’est un vaste sujet photographique à couvrir sur plusieurs années. Ce travail sur Slaka est donc le premier d’une série à venir. »
Anthony Jean est photographe, passionné de voyages et militant des droits de l’Homme. Après avoir évolué pendant dix ans dans le monde associatif, porteur de projets au Burkina Faso, au Benin, au Togo, co-créateur de l’espace culturel associatif Ô Creelouche, caravane solidaire à travers l’Afrique de l’Ouest, demi-tour du monde à vélo en solitaire, il s’est maintenant exclusivement orienté vers le photojournalisme.