Depuis toujours, j’ai rêvé d’un art sans frontières, où les artistes et les acteurs du monde de l’art puissent faire voyager leurs expositions en un seul clic. Exposare.com s’est imposé à moi, comme l’outil indispensable à la réalisation de mon désir, la première plateforme online qui centralise un catalogue d’expositions disponibles dans le monde entier avec des artistes reconnus ou émergents, de tous pays et de toutes cultures.
Avec un père photographe, qui, pour être toujours au plus près de la création, s’est toujours nourri des artistes qui l’entouraient ; l’art et les artistes, je connais bien, je suis tombée dedans quand j’étais petite.
En 1988, Hans Namuth projette son film sur Jackson Pollock pendant les Rencontres d’Arles. Lors du dîner qui suivra, je suis assise à côté de Leo Castelli. Je viens de passer quelques mois à la communication de la maison Christian Lacroix et souhaite entrer dans la vie active. Leo Castelli m’invite à venir rejoindre l’équipe de sa galerie new yorkaise de West Broadway. Je découvre la scène artistique internationale, dîne avec Jeff Koons qui débute, et déjeûne avec Leo le samedi. Mon premier jour de travail, je ne reconnais pas Roy Lichtenstein au téléphone et lui fait répéter dix fois son nom, il ne m’en voudra pas puisqu’il m’ouvrira la porte de son atelier. Le deuxième jour, une sculpture de Richard Serra s’effondre dans la galerie de Greene Street, un ouvrier perd une jambe. Je reçois des menaces de mort d’une anonyme qui accuse Richard Serra d’assassin ! Les rencontres se suivent, mon carnet d’adresses se rempli. Les expositions défilent, Lichtenstein, Jasper Johns, Miquel Barcelo, Richard Serra. J’apprends le fonctionnement de la galerie, à organiser une exposition. Mon visa arrive à expiration. J’organise alors la première vente aux enchères pour l’AMFAR (American Association for Aids Research) à Cannes et réunis 200 photographies sur le thème du cinéma. Je rencontre Sylvester Stallone qui était venu montrer son travail de peintre à Leo Castelli quelques mois auparavant, il est très content que je lui parle de peinture plutôt que du film qu’il vient présenter. Je retourne à Arles et prends la direction de la Fondation Van Gogh. Pendant quinze ans, j’agrandis la collection permanente, j’obtiens des œuvres d’artistes incroyables que j’ai rencontré à New York comme James Rosenquist, Alex Katz ou Larry Rivers qui veut que je vienne peindre avec lui ! Le jour où Hans Namuth m’envoie la photo de Pollock assis sur le rebord de sa voiture comme hommage à Van Gogh, il se tue de la même façon, sur la même route, au même croisement ! Je suis bouleversée, Hans venait à toutes les fêtes que j’organisais dans mon appartement new yorkais, il était le premier arrivé et le dernier parti. J’organise les expositions de Francis Bacon, Picasso, Van Gogh et bien d’autres mais surtout je fais voyager la collection permanente dans le monde entier en tant que commissaire, mon seul but est de créer un outil moderne pour un art sans frontières. Je quitte la Fondation Van Gogh en 2007 et retourne à New York pour obtenir un diplôme en « Arts Administration » à New York University, un label international à mes yeux. Depuis, je suis art advisor et commissaire indépendante. Je constate sur internet que les sites sur la vente d’œuvres d’art pullulent et que les lieux d’expositions, les musées, et les artistes ne cessent d’être plus nombreux.
En tant que co-fondatrice d’Exposare, j’ai voulu ouvrir la porte aux photographes, artistes, designers, curateurs, conservateurs ou même galeristes, qui ont des expositions à louer. Et permettre leur connexion aux professionnels de l’art à la recherche de leur futur événement pour leur lieu d’exposition.
Quand j’ai quitté la galerie Leo Castelli, ce dernier me confiait ces paroles: « Anne, ne soit pas trop impatiente, j’ai ouvert ma première galerie à 50 ans, ne l’oublie pas et ne soit pas trop pressée. »
Anne Clergue