Ma première véritable confrontation avec les œuvres d’Angèle Etoundi Essamba s’est déroulée au Salon Akaa 2021 qui avait concentré, dans sa dernière édition, une quantité importante d’œuvres de qualité. La Galerie Carole Kvasnevski présentait une petite série – très remarquée – des derniers travaux de cette créatrice africaine formée en Europe du Nord. Angèle fait partie de ce petit noyau de jeunes femmes africaines un peu poussées sur le devant de la scène parce que femmes (c’est actuellement la mode), car africaines (c’est très tendance). Il faut arrêter avec ces classements et autres préjugés d’une époque que la versatilité du beau monde qui oubliera tout, à la première occasion. Ces talentueuses photographes sont des créatrices comme les autres avec les mêmes interrogations, les mêmes interpellations et la même rigueur. Un travail de fond les habite et leur véritable humilité les tient heureusement éloignées de tous ces encenseurs d’un jour à l’affût d’un retour monétaire immédiat.
Aborder l’œuvre d’Angèle Etoundi Essamba c’est pénétrer dans un monde connu qui est présent dans chacune de nos mémoires, et dans un même temps, se retrouver dans des parties insolites de nos espaces personnels. L’image est traitée avec une rigueur de fond sans concession, même si au niveau de la forme quelques légers dérapages techniques attendent encore quelques automatismes. La structure des photographies, les éclairages ciblés et l’instinct fusionnel avec les sujets dessinent des œuvres de dialogues pour les visiteurs de demain et bien au-delà. La subtilité, dans la cohérence des images, décline les messages jusqu’au troisième degré, voire plus intime. Les images sont très belles et l’esthétisme vous embarque en douceur. Il est trop tard, les pièges de l’image se sont renfermés. Le passé est de retour, le présent interpelle et l’avenir s’annonce sans complexe. Chaque photographie est parfaitement dosée pour nous inviter à revenir et à nous impliquer, un peu plus à chaque passage, l’initiation n’est jamais terminée. Ne parlez pas de cette photographe de grand talent, embarquez-vous dans ses œuvres qui sont bien plus que mille récompenses et cent vernissages. Le rêve de tout collectionneur ou amoureux sera de s’évader dans une des photographie d’Angèle qui après la Fondation Blachère et All Know As Africa, passent par la Biennale de Venise et s’installent au Musée Néerlandais de la Photographie de Rotterdam.
Thierry Maindrault
EXPOSITIONS
Musée de la Photographie des Pays Bas
Nederlands Fotomuseum
Statendam 1
3072 MD Rotterdam
du 14 février 2022 jusqu’au 20 avril 2022
ouverture du mardi au dimanche de 11 h à 17 h
Biennale de Venise 2022
Cameroon’s First-Ever Pavilion
Liceo Artistico Statale Michelangelo Guggenheim
Palazzo Ca’ Bernardo
Calle Bernardo
Sestiere Dorsoduro
Civico 3198
Venezia (VE) – Italia