La majorité d’entre eux ont la peau fripée, mais leur corps n’en demeure pas moins puissants — « féroces », comme la photographe les décrit elle-même —, marqués par les lignes saillantes des muscles davantage que par celles, irrégulières, des rides. Ils continuent, sur les pistes ovales de course, dans les bacs à sable des sauts en longueur et sur les terre-pleins des lancers de javelot, à repousser leurs limites physiques et, du même coup, les records. Equipée d’un appareil moyen format, Angela Jimenez capture ces athlètes en action, javelots haut et loin au-dessus de leur tête blanche permanentée, jambes et bras regroupés dans un effort de franchir la ligne des 8 mètres — dans ce sport qui, en moins de cent ans, a ajouté presque 2 mètres à son record mondial.
Avec ses images en noir et blanc, Angela Jimenez s’inscrit directement dans la tradition d’une imagerie glorificatrice des athlètes, à commencer par celle de Leni Riefenstahl pendant les Jeux olympiques de Berlin en 1936. Le contraste entre les jeunes Apollon de l’artiste allemande et ceux d’Angela Jimenez fait la force de sa série, et de cet univers inconnu qu’elle décrit elle-même comme paradoxal : « En réalité, c’est parfois un peu effrayant à regarder. Ce n’est pas ce qu’on a l’habitude de voir chez une personne âgée. C’est inspirant et courageux, mais cela suscite aussi un malaise. »
Racing Age, Angela Jimenez
Jusqu’au 23 janvier 2015
111 Front Street, Suite 204
Etats-Unis
www.angelajimenezphotography.com