La Galerie Stephen Bulger présente « A Life in Photographs », la huitième exposition personnelle d’André Kertész (né en 1894 à Budapest et mort en 1985 à New York). Celle-ci retrace 70 ans d’une carrière photographique. Stephen Bulger a publié onze vidéos sur cette exposition, présentant la vie du photographe, l’ensemble de ses œuvres et les coulisses du travail derrière cette exposition.
Reconnue par les historiens aussi bien que par ses pairs comme une influence majeure de la photographie, cette exposition explore les aspects autobiographiques visibles ou invisibles dans l’œuvre d’André Kertész. Le plaisir visuel de ses compositions dissimule souvent le degré d’expression personnelle propre à ses clichés, de ses débuts en tant que photographe amateur et le long des 72 années qui suivirent, alors qu’il continua à s’exprimer par la photographie.
Bien que sa famille le prépare à une vie d’homme d’affaires prospère, Kertész est davantage séduit par la vie artistique. En 1912, à l’âge de 18 ans, il reçoit son premier appareil photo et, avec son frère Jenõ, il expérimente la photographie comme un passe-temps. Kertész prend les photos et son jeune frère, alors fréquemment le sujet de ses images, l’aide pour des reportages ainsi que sur les procédés techniques. En 1914, Kertész est enrôlé dans l’armée austro-hongroise ; il assiste à des assauts, souffre de la fièvre typhoïde avant d’être blessé. Il photographie également les lignes de front en Pologne et ailleurs. Pendant sa convalescence, il continue à photographier et soumet ses photos à des concours de journaux. Il retourne activement au service jusqu’à la dissolution de l’armée hongroise en 1918, après avoir accumulé un impressionnant témoignage de la vie à la guerre.
Kertész retourne alors travailler dans une banque et la photographie reste un passe-temps, qu’il s’agisse de photographier des amis et de la famille, des genres variés ou une sélection des événements entourant la révolution hongroise. À cette époque, il rencontre Erzsébet Salamon (devenue plus tard, Elizabeth Kertész). Elle encourage alors ses penchants artistiques et lui fait connaître une communauté d’artistes. Elizabeth insiste pour qu’il quitte Budapest et réalise son avenir de photographe, ce à quoi il se soumet de bon cœur, avant qu’elle n’accepte de l’épouser.
Kertész arrive à Paris le 8 octobre 1925 et, à peine 18 mois plus tard, il devient un photographe indépendant apprécié, aux œuvres exposées dans la légendaire galerie du Sacre du Printemps. Il achète son premier appareil photo Leica en 1928 et sa pratique joue un rôle clé dans l’avènement d’une nouvelle conception de la photographie. Publié et exposé à l’international, Kertész est considéré comme l’un des photographes les plus influents de l’époque. Lui et Elizabeth sont réunis et se marient en 1933. Elle le rejoint à un moment où la carrière de Kertész connaît un ralentissement, Kertész étant en concurrence avec une liste croissante de photographes, influencés par ses premiers travaux.
En 1936, Kertész s’installe à New York. Malgré quelques temps forts, sa carrière s’effondre aux États-Unis. Son souhait de revenir en Europe est contrarié par le succès d’Elizabeth dans son commerce de parfums, sa mauvaise santé, ainsi que le début de la Seconde Guerre mondiale. À la fin des années 1940, Kertész commence à travailler sous contrat avec Condè Nast, ce qu’il considérant comme un travail subalterne. Bien qu’il continue à produire des travaux personnels, illustrant son désespoir pendant cette période, et qu’il participe à plusieurs expositions, Kertész se sent perdu.
À l’automne 1961, à l’âge de 67 ans, Kertész est hospitalisé, profondément meurtri par ses expériences chez Conde Nast. Kertész fait le bilan de sa vie, il se jure d’utiliser le temps qui lui reste afin de poursuivre son œuvre personnelle. Début janvier 1962, le jour même où il décide de ne pas renouveler son contrat annuel avec Conde Nast, il appelle son frère vivant à Buenos Aires. Grâce aux câbles transcontinentaux, les deux frères se parlent pour la première fois en 36 ans. Il rend visite à Jenô, puis à sa famille le même été.
À l’automne de la même année, il a repris sa carrière artistique. Le reste de cette décennie voit sa notoriété revivre, grâce à la diffusion d’articles importants , des expositions dans des musées prestigieux et de nombreux projets de publications. Les prix et les hourras ne cessent pas, bien aidés par le marché florissant des tirages originaux durant les années 1970. Cependant, lui et Elizabeth connaissent tous deux des problèmes de santé en 1976. Elizabeth meurt subitement en 1977.
Les œuvres de Kertész continuent de se diffuser largement. En 1979, il commence à utiliser l’appareil Polaroid SX-70, qui éveille sa passion pour la technologie, et cela libère Kertész de son profond deuil pour sa femme. Concevoir des photographies à plus petite échelle, sans passer par l’impression, redonne de l’énergie à ce jeune homme de 85 ans, lui permettant de consacrer plus de temps aux exigences croissantes de la pratique de la photographie et du marché pour ses photos. Il continua à répondre à ces exigences jusqu’à sa mort, chez lui, le 28 septembre 1985.
André Kertész —A Life in Photographs
Exposition temporairement fermée
Stephen Bulger Gallery
1356 Dundas Street West
M6J 1Y2 Toronto
www.bulgergallery.com