L’exposition André Kertész, Marcher dans l’Image, à Stimultania Strasbourg est reportée; en voici un aperçu.
« André Kertész (1894-1985) compte parmi les regards qui ont ouvert des chemins nouveaux dans la photographie du XXe siècle. Amateur inspiré à 18 ans, artisan des recherches optiques de la Nouvelle Vision à 28 ans, défricheur des enjeux médiatiques du reportage à 36 ans, il a largement contribué aux évolutions esthétiques et professionnelles du médium.
Si plusieurs générations de photographes ont été marquées par sa démarche et ses images c’est parce qu’il est celui qui, sans effet ni étalage, a démontré la possibilité de poursuivre une oeuvre sereine tout au long d’une vie de photographe, à l’écart des courants et en marge des commandes, en laissant libre cours aux flâneries du regard.
Dès 1959, Henri Cartier-Bresson, au comble de sa renommée, déclarait que tous les photographes étaient redevables à Kertész. En 1973, John Szarkowski, conservateur du MoMA de New York, estimait que : « Plus peut-être que tout autre photographe, André Kertész a compris l’esthétique particulière de l’appareil portatif et l’a rendue manifeste », et de nombreux historiens reconnaissent depuis en lui le « père de la photographie au 24×36 mm ».
Voir à l’oeuvre André Kertész (1894-1985), le photographe le plus apprécié des photographes, à travers les séquences de prises de vues que nous révèlent ses négatifs, accompagner les déambulations de son objectif dans les rues du Paris des années 1930, observer comment son oeil épouse l’ergonomie de son Leica et s’insère dans le champ optique du monde, retrouver ses hésitations, apprécier sa patience, partager sa joie de pouvoir marcher dans l’image tout en laissant les corps et les visages entrer dans le cadre de son viseur, saisir les intuitions de son regard au moment du déclenchement, comprendre sa retenue envers l’instant décisif et percevoir finalement la précaution avec laquelle il confie à la pellicule l’attention que lui adressent des proches ou des inconnus.
À la fin de sa vie, Kertész a pris soin de rendre accessible l’ensemble de ses images à travers le don à la France de ses négatifs. Pour autant, aucune recherche n’est venue distinguer les clichés qui, entre 1930 et 1936, marquent les débuts de sa pratique du Leica, appareil novateur avec lequel il initie des déambulations photographiques qui renouvellent son intelligence de la prise de vue. Une étude minutieuse menée sur les négatifs originaux conservés par la Médiathèque de l‘architecture et du patrimoine a permis de reconstituer pour la première fois la continuité chronologique des images que le photographe a prises en 1930 et 1936 avec son Leica. Fruit de cette recherche, l’exposition, présentée à Stimultania du 3 avril au 26 juillet 2020 propose de remonter à ce moment de la prise de vue et d’observer ces quelques pas de Kertész auprès de ceux qu’il photographie.
L’exposition Marcher dans l’image est produite par la Maison de la Photographie Robert Doisneau (Gentilly) et la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, en collaboration avec Stimultania (Strasbourg), L’imagerie (Lannion), L’Hôtel Fontfreyde (Clermont-Ferrand) et le Musée de la Photographie (Charleroi).
Commissariat : Cédric de Veigy. »
Stimultania Strasbourg
33 rue Kageneck
67000 Strasbourg