Rome, Utrecht, Saint-Pétersbourg, Paris ou Stockholm : même si le visiteur ne peut pas toujours les reconnaître, ce sont quelques-unes des villes parcourues dans City Diary, exposition de l’artiste suédois Anders Petersen présentée à Jena. La série, en grand format et, comme toute sa production, noir et blanc, s’étale avec ses 100 photographies comme un journal personnel développé au cours des voyages de Petersen entre 2004 et 2010.
Toujours intéressé par l’ « imperfection » de ses sujets, ses images montrent les personnages les plus divers, aussi bien que des animaux ou des endroits, mais toujours avec un point en commun : l’étroite identification de l’artiste avec ses modèles qui est à la base de son œuvre. « Parfois, je crois que mes images parlent plus de moi-même que de ceux que je photographie, devait-il dire à propos d’un travail antérieur. »
Un clair exemple de cette identification est Café Lehmitz, série produite au cours des années soixante, qui dépeint tel un « album de famille » les assidus d’un café des bas-fonds d’Hambourg. Pour ces photographies, il est revenu en Allemagne et a fréquenté pendant trois ans le café qu’il avait connu six ans auparavant.
La fascination pour le monde marginal n’allait pas l’abandonner, bien au contraire : ses livres présentent un monde peuplé de prostituées, noctambules et alcooliques, ou franchissent le confinement des prisons ou des hôpitaux psychiatriques. Petersen établit avec ses sujets un rapport plus émotionnel qu’intellectuel, et les images qui en résultent sont réalistes, dépouillées de dramatisme et cherchant ce qu’il appelle simplement la normalité de ses modèles : « je ne veux pas d’étrangeté qui nous sépare. Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir m’identifier avec eux. »
Sebastian Messina
Anders Petersen, City Diary
Jusqu’au 20 novembre 2011
Kunstsammlung im Stadtmuseum Jena
Markt 7
07743 – Jena
Allemagne