Tout au long de sa carrière, Ana Carolina Fernandes (Rio de Janeiro, Brésil, 1963) a capturé des images fascinantes qui combinent une perspective critique avec une esthétique distinctive. Explorons son parcours et ses réalisations notables dans le domaine du photojournalisme et de la photographie documentaire.
Fille d’une enseignante et d’un journaliste, elle reçoit son premier appareil photo de sa mère à l’âge de 13 ans. Après l’école, elle visite le journal Tribuna da Imprensa, où travaillait son père, et devient fascinée par le laboratoire photo. Au début des années 1980, elle débute sa carrière professionnelle de photojournaliste en tant que stagiaire au journal O Globo. Pendant 25 ans, elle a également travaillé dans les salles de rédaction de Jornal do Brasil, Folha de São Paulo et Estado de São Paulo. Elle a étudié la photographie à l’École des arts visuels du Parque Lage à Rio de Janeiro. A partir des années 2000, elle prend ses distances avec le journalisme quotidien et travaille en freelance, se concentrant sur des projets personnels tout en restant dans le domaine du photojournalisme. Ses photographies expriment à la fois un parti pris critique et une esthétique singulière, comme en témoignent les images captées lors des manifestations de rue de 2013, qui se sont propagées à travers le monde et ont fait la couverture des journaux internationaux. Ses principales influences incluent Cartier-Bresson, l’agence Magnum et les photographes Maureen Bisilliat et Claudia Andujar au Brésil, qui ont voyagé dans des endroits reculés et produit des essais à grande échelle. Ses expositions incluent « Ana Carolina Fernandes Repórter » (Rio de Janeiro, 2015) et « Mem de Sá, 100 » (São Paulo, 2013), résultat d’un projet documenté entre 2011 et 2013 mettant en scène des travestis vivant dans un manoir à l’adresse du même nom dans le quartier de Lapa. Pour le collectif Covid Latam, qui réunit 18 photographes latino-américains, elle développe un projet sur la vie pendant la pandémie. L’essai conjoint du collectif est l’un des temps forts du 13e FotoRio (2021) et reçoit le prix FotoEvidence Book World Press Photo du meilleur projet en ligne couvrant la pandémie, ainsi que le prix Picture of the Year Latam. Certains de ses projets individuels notables incluent « Cuba » (essai en cours), « Na Ponta dos Pés » (2018) et le livre « Prainha » (2019). Elle a été honorée de deux prix Folha (2000 et 2002), a reçu la 11e édition du Troféu Mulher Imprensa (2016) et a été finaliste des Magnum Photography Awards (2017).
Extraits
« J’ai travaillé pour tous les grands journaux du Brésil, O Globo, puis Jornal do Brasil, qui était un endroit merveilleux, tout le monde voulait y aller, c’était le grand journal de l’époque. J’avais un rédacteur qui s’appelait Alberto Ferreira, qui était un gars incroyable ! Jornal do Brasil était… un journal qui valorisait beaucoup la photographie… qui consacrait une page entière, toute la une, à une photo. Alberto Ferreira était un type qui apportait beaucoup de choses nouvelles, il était très écouté et avait un pouvoir énorme au sein du journal… »\
« Je ne savais pas comment le travail allait évoluer, ni quelle forme il prendrait. Mais spécifiquement avec les travestis, je voulais leur donner un corps, à cause de cette fascination que j’avais : dans le même corps, à la fois masculin et féminin. Avec mes photos, je voulais vraiment aider, ne serait-ce qu’un peu, à cette acceptation, à cette tolérance. »
Témoignage d’Ana Carolina Fernandes à la websérie No Olhar TV, 2017.
Yara Schreiber Dines
Traduction : Yara Schreiber Dines et Milton Dines
Bibliography
https://anacarolinafernandes.com.br/sobre/
ANA CAROLINA Fernandes/ No Olhar #4/ Fotografia Brasileira. YouTube. 6 no. 2017. 567 segundos. https://www.youtube.com/watch?v=N9Avmo3SXg4&ab_channel=NoOlhar.Tv
CORPOS da Lapa. Piauí, jun. 2013, edição 81.
https://piaui.folha.uol.com.br/materia/corpos-da-lapa/.
DINES, Yara Schreiber. The Substance of Images Brazilian Women Photographers. São Paulo: Editora Grifo, 2021.
FOTORIO destaca cobertura fotográfica da pandemia, Diário do Porto, 21 de maio 2021. Disponível em: https://diariodoporto.com.br/cobertura-fotografica-da-pandemia-e-destaque-no- fotorio/