« Le style d’Arbus est si désinvolte qu’il semble obtenu sans effort, et chacune de ses images est chargée d’une étincelle d’esprit et de grâce. Errant au fil des rues du East Village et du West Village, elle a trouvé et capturé nombre des icônes qui rendent cette zone fascinante, y compris… Madonna, dont le manteau tâché en poil de chameau et le sac de bowling semblent toujours constituer la définition exacte du chic urbain. Arbus comprend clairement le pouvoir des vêtements pour exprimer une personnalité, aussi le meilleur de son travail est formé par ce mélange harmonieux de photographie de mode et de portrait. » Vince Aletti pour The Village Voice
La photographe Amy Arbus montrera les impressions vintage en noir et blanc de sa série On The Street: 1980-1990 à la galerie Leica de New York à partir du 28 février. Dans le courant des années 1980, Arbus avait une page mensuelle dans la section style du Village Voice, pour laquelle elle prenait des portraits de toute la légendaire avant-garde new-yorkaise. Depuis cette époque, ses photographies ont été publiées dans le New Yorker, Vanity Fair, Rolling Stone, Architectural Digest et le New York Times Magazine, parmi d’autres ; elle a eu 35 expositions solo à travers le monde ; elle enseigne également le portrait à l’International Center of Photography et au Fine Arts Work Center et elle a publié cinq livres photo.
J’ai pu parler avec Amy de son exposition à venir :
Elizabeth Avedon : Combien y a-t-il de photographies présentées à votre exposition à la galerie Leica ?
Amy Arbus : Il y aura 45 impressions à la galerie, du 28 février au 19 avril 2014. Ce sont pour la plupart des impressions vintages faites à l’époque où j’avais ma page style intitulée « On the street » dans le Village Voice.
Certaines de ces photographies n’ont jamais été montrées auparavant, parce qu’elles n’ont pas été publiées ni dans le Village Voice ni dans le livre, On the Street: 1980-1990.
E. A. : Est-ce qu’elles ont toutes été prises pour le Village Voice ? Pendant combien d’années avez-vous travaillé pour eux ?
A. A. : Durant les dix ans où j’ai travaillé pour le Village Voice, j’ai pris des milliers de photographies et il y en a environ 500 qui ont été publiées.
E. A. : Quel était le meilleur endroit pour trouver des gens pour cette rubrique, comment repériez-vous vos sujets ?
A. A. : Je passais environ une semaine par mois à faire des photos pour réaliser une page. Je me rendais dans plusieurs quartiers mais le East Village et le West Village étaient les endroits les plus prometteurs pour trouver des gens qui avaient inventé leur propre style.
E. A. : Est-ce que vous avez exposé ces photographies ?
A. A. : J’ai eu une exposition au Mudd Club après avoir travaillé trois ans pour The Voice. Il y a dans le show à venir des impressions que j’ai réalisées à l’époque pour cet événement : Ann Magnuson, Anna Sui, Moroccan pants, Katy K & John Sex, et Joey Arias.
E. A. : Est-ce que vos portraits de « célébrités » de cette époque seront présentés dans cette exposition ? Keith Haring, Sonic Youth….
A. A. : Les autres célébrités de cette époque qu’on pourra retrouver dans l’exposition seront Madonna, The Clash, Phoebe Legere, Susanne Bartsch, les jumeaux Rosenberg, messieurs McDermott & McGough et Grace Jones.
E. A. : Regardez-vous toujours les gens dans la rue comme de potentiels sujets de portrait ?
A. A. : Je vois toujours dans la rue, dans les restaurants, dans les fêtes ou les vernissages des gens que j’ai envie de prendre en photo. Récemment, je leur ai demandé de poser pour des portraits au ferrotype, un procédé au collodion humide utilisé durant la guerre civile. Je trouve que ces photographies donnent aux gens l’air de ressembler à leurs propres ancêtres.
E. A. : Votre travail de l’époque semble être en grand contraste avec votre série la plus récente, After Images, un hommage aux maîtres de la peinture classique tels Picasso, Modigliani, et Cézanne. Pouvez-vous caractériser l’écart qui les sépare, s’il existe ?
A. A. : Mon travail a toujours porté sur le style comme expression de la personnalité, mais chaque série est radicalement différente techniquement des précédentes. En commençant le travail, je trouve un style photographique qui semble adapté au sujet choisi.
La série On the Street est très brute et naturelle, mais subtilement organisée. Les prostituées sont littéralement et figurativement émouvantes, romantiques, poétiques et « granuleuses ». Les images sont conçues pour ressembler à des instantanés, sans composition particulière.
Les bébés de mon livre Inconvenience of Being Born reprennent les éléments des projets précédents, mais les sujets comme les photographies sont encore plus libres et hors de contrôle.
The Fourth Wall a constitué une forme de rupture. Pour ce livre, j’ai pris des comédiens maquillés et en costume que j’ai sortis du contexte de leurs pièces. Les photographies sont puissantes, réfléchies et remplies d’émotion. J’avais fait des repérages pour trouver les lieux où faire les poses et j’utilisais des lumières de studio portables.
Mon dernier livre, After Images, a été produit avec une équipe qui comprenait deux éclairagistes, un peintre, un maquilleur, un styliste, des décors peints à la main et de nombreux acteurs, modèles et danseurs. Les photographies sont surréalistes parce qu’elles ressemblent à des peintures à l’exception des yeux des sujets, qui ont l’air très réels.
Les deux derniers projets sont mes travaux les plus sophistiqués à ce jour, du point de vue photographique.
E. A. : A quel âge avez-vous commencé à vous mettre sérieusement à la photographie ?
A. A. : Après avoir étudié la flûte et le saxophone au Berklee College of Music de Boston pendant deux ans, je me suis cassé les deux dents de devant. Ce fut un mal pour un bien parce qu’à la minute où j’ai commencé la photographie, j’ai su que c’était le médium qu’il me fallait.
E. A. : Qu’est-ce que vous pensiez devenir avant de vous lancer dans la carrière de photographe ?
A. A. : Je voulais jouer du bebop, comme Eric Dolphy et Charlie Parker.
E. A. : Qui ont été vos mentors et professeurs de photographie les plus influents ?
A. A. : J’ai étudié avec Larry Fink et Sylvia Plachy dont j’adore le travail, mais quand j’ai suivi une master class avec Richard Avedon, ça a changé ma vie.
Il m’a donné le pouvoir et la liberté de devenir une artiste et de créer quelque chose de nouveau pour contribuer à ce médium. C’est un don qui doit se transmettre et c’est la raison pour laquelle je suis si attachée à mon rôle d’enseignante.
Exposition:
Amy Arbus: On The Street: 1980 – 1990
Du 28 février au 19 avril 2014
Leica Gallery in New York
670 Broadway / Suite 500
New York, NY
USA
Vernissage le 27 février de 18 h à 20 h
http://www.amyarbus.com
http://us.leica-camera.com/culture/galleries/gallery_new_york
http://elizabethavedon.blogspot.com