Le noir dense et mat des photographies, couleur comme noir et blanc, posent les éléments d’une intrigue qui se déroule au-delà du cadre, au rythme des rues solitaires frémissant sous le ronflement d’un moteur, d’un murmure échangé, d’un silence cinglant l’atmosphère angoissante et romantique, principalement nocturne. Les visages se devinent dans les ombres enveloppantes, tendres et menaçants. Ariadna, qui surgit d’une porte vitrée avec une assiette en équilibre sur la paume de la main, pourrait aussi bien répéter un tango armée d’un pistolet de nacre. La musique retentit. Les lieux s’animent ou se figent, vues profondes et éclatantes où les falaises dévorent les vagues paisibles, où l’eau et la terre partagent équitablement le cadre pour un court instant. Le moment qui semble, comme dans chaque image, précéder le drame, l’aliénation. Ce rapport tendu au temps distille une épaisse mélancolie et définit la quête du photographe. Une voiture se détache de la mégapole dans une poursuite qui semble avant tout esthétique. Le dialogue auquel nous invite l’exposition est une exploration formelle, faisant répondre aux images d’Allen Frame l’univers de l’écrivain chilien Roberto Bolaño, spirale qui déconstruit la matière littéraire et humaine, fiction noire gorgée de sensualité dans une ère incertaine. Les archives personnelles deviennent le matériau d’une fiction suspendue, psychologique, un moyen d’échapper au monde en fixant l’élégance du chaos.
Allen Frame Dialogue with Bolaño
Jusqu’au 11 janvier 2014
Gitterman Gallery
41 East 57th Street, Suite 1103
New York, NY 10022
USA
T: 212.734.0868
Liens
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http://www.allenframe.net/
