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Alan Dub

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LES FERRIES DE L’IRRAWADDY

10 morts en 2012, 50 morts en 2015, 72 morts en 2016, quasiment chaque année la Birmanie enregistre des naufrages de ferries sur son grand fleuve Irrawaddy et ses affluents.

Pour avoir une idée plus précise de la situation, je décidais d’embarquer le 3 mars 2017 à bord d’un de ces vieux ferries locaux, en partant du port de Rangoon pour atteindre, après 2 jours de traversée, la petite ville de Labutta située dans le vaste delta de l’Irrawaddy.

Mon objectif était de réaliser un reportage photographique et documenté sur ces bateaux d’un autre âge et en particulier sur les conditions de vie des Birmans utilisant ce moyen de transport ou y travaillant. Le ferry, même si le temps de déplacement est très long, est en effet le transport privilégié par les plus démunis, car il est nettement plus économique que le bus.

D’origine chinoise le plus souvent, ces ferries dépassent allégrement les 50 ans d’exercice.
Vieux, rouillés, mal équipés, mal éclairés pour la navigation de nuit, rendue périlleuse car beaucoup de bateaux qui circulent sur le fleuve n’ont aucune lumière, ces bateaux n’inspirent pas confiance.

Sur les ferries birmans, on privilégie avant tout le transport de marchandises et, la plupart du temps, aucun espace n’est prévu pour les passagers. Des escaliers aux différents ponts et couloirs, tous les espaces du bateau sont encombrés de colis et produits les plus divers. Le nombre et le volume de marchandises sont tels que les Birmans n’ont d’autre solution que de voyager à même le sol, en installant des nattes ou des couvertures, et de s’allonger serrés les uns contre les autres. Certains n’ont d’autre choix que de se coucher sur des ballots de plastique ou des cartons empilés dans les couloirs ou recoins du navire.

Chargé à ras bord, le navire quitte le port de Rangoon avec plus de 150 tonnes de marchandises, toutes chargées à la main par des porteurs ; la mécanisation n’existe pas pour ce type de ferry. Seuls les navires containers sont chargés par des grues.
Certains des porteurs sont des employés de la compagnie Inland Water Transport (ITW) qui appartient au ministère des transports, d’autres sont simplement rémunérés à la tâche sur cette destination. C’est un véritable travail de forçat pour les porteurs. Ceux-ci ne sont pas payés au nombre de marchandises qu’ils transportent, mais au poids ! Ils peuvent supporter sur leurs épaules des charges atteignant jusqu’à 95 kg pour les plus forts et les plus courageux !
Chaque déchargement se déroule dans des conditions périlleuses ; les porteurs doivent en effet emprunter des passerelles en bois étroites et branlantes enjambant la rive, au risque de chuter. La chaleur qui règne dans la cale où sont entreposées la plupart des marchandises est accablante et la sécurité sur le bateau est inexistante.

En avril 2017, soit 1 mois après mon reportage, un nouveau naufrage avait lieu, faisant une trentaine de morts.
Alan Dub

www.alandub.fr

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