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AIPAD 2012 –Steven Kasher

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Jour 4

C’est le milieu de l’après-midi quand je pars rencontrer Steven Kasher dans sa galerie de Chelsea. Je viens d’enseigner un cours de photographie digitale à ICP, il expose des tirages Baryté de Weegee et Vivian Mayer.
Choc de culture.
Tous les photographes de ma génération se sentent ils comme moi – Chanceux mais tiraillés d’avoir un pied dans l’argentique et un autre dans le numérique ?

Steven m’accueille dans un petit salon derrière la galerie. Il est posé, concentré, précis. Son image favorite n’a ni nom, ni auteur et selon ses recherches, elle paraît être unique en son genre. Il raconte l’allégorie de l’institutionnalisation mais aussi de l’art du portrait qu’il perçoit dans cette image, et plus profondément une réflexion sur le monde moderne et la liberté.
Il dit qu’il s’est inspiré de ce type de photo – faites dans un but bien précis et en fait témoins de tant d’autres choses – pour construire la collection de sa galerie.
Ce tirage est décidément intriguant: voila que Steven et moi partons dans un débat sur la facon dont la scène est éclairée… Passionnant.

A la fin de l’interview et en montant mon appareil sur mon trépied, je me lance :
« Steven, j’aimerais vous poser une question qui sort du contexte de l’interview – Comment avez vous obtenu une partie de la collection de Vivian Mayer ? » Il sourit et raconte. Son intérêt pour la photographie « vernaculaire » depuis la fameuse histoire du photographe Disframer, puis un ami qui lui parle de la découverte de Vivian Mayer par John Maloof, les quelques tirages de piètres qualité qu’il voit à l’époque, le peu d’information qu’il obtient, et finalement la vie à la galerie qui efface momentanément ce projet.
Puis, un peu plus tard, la réapparition de certains travaux par le biais de Jeffrey Goldstein qui a aussi une partie de la collection de V.M, un projet d’expo, le tri, les recherches extensive pour un maigre résultat : une Viviane, seule, fille au pair dans une riche famille de Chicago, sans famille ni amis, shootant à New York et à Chicago, d’abord avec un Brownie, puis a l’aide d’un Rolleiflex. Des obsessions sous forme de feuilles d’arbre, de journaux… Pas un texte, pas une ligne, pas un témoin, juste ses photos pour parler d’elle. Des centaines de milliers de négatifs jamais imprimés et trouvés par hasard dans une vente aux enchères à Chicago…
Je range mon matériel complètement habitée par les mots de Steven qui résonnent encore : « Elle avait probablement un sacre caractère et peu d’humour. Elle était photographe par réelle passion. Elle photographiait pour elle même et selon ses propres intuitions, elle ne communiquait avec personne. En même temps, elle a tout garde, peut être espérait elle que quelqu’un verrait son travail un jour. »

Ce matin je disais à mes élèves d’ICP que le ciel était bas et gris comme à Paris.
En sortant de chez Steven, le soleil a repris ses droits sur la ville.
Pas étonnant.

Merci Steven

De la découverte de la photo à l’ouverture de sa galerie…
Vers l’âge de 8-10 ans, il développe ses photos avec son père dans la salle de bain familiale. Il trouve ça « magique ». Il continue adolescent puis décide de tout lâcher pour s’essayer à la peinture et à la sculpture.
C’est plus tard quand il se met à photographier ses sculptures qu’il se lance sérieusement dans la photographie en se construisant une chambre noire et en prenant des cours. C’est a ce moment la qu’il commence a créer des expositions de son propre travail comme son Museum of Natzi Art tout en continuant ses études pour devenir professeur.
Par hasard pendant sa recherche de travail, il est embauché par l’agence de photographie Black Star pour promouvoir son image. Il propose d’utiliser les archives de l’agence pour monter une grande exposition à l’occasion du trentième anniversaire du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. L’exposition se fera avec Howard Greenberg et sera un immense succès.
En 1995 il décide de se lancer en solo.

Son meilleur souvenir de galeriste…
Il dit que la plupart des souvenirs d’un galeriste sont liés à des clients et donc confidentiels.

Son pire souvenir de galeriste…
L’été dernier, lors de l’exposition Don’t Quit Your Day Job à la galerie Hasted Kraeutler (photographie prises par des galeristes), il avait présenté une série de 6 portraits sous forme de montages photographiques qui ont été malmenés par la critique.

Sa première photo achetée à titre personnel ou une photo qui a une importance particulière pour lui…
Il n’a aucune idée de l’endroit où peut se trouver sa première photo.
Sa photo préférée n’a ni nom ni auteur, elle représente un gorille face à 3 hommes en blouse blanche dont un tient un appareil photo.

Sur le mur de sa chambre…
Un tirage de Julia Margaret Cameron
Un tirage d’Irvin Penn (un compromis avec sa femme)
S’il ne devait y en avoir qu’une (et s’il l’avait) : Albino sword swallower at a carnival par Diane Arbus

S’il était un(e) photographe connu(e)…
Edward Weston pour sa concentration, l’intensité de son travail
Robert Frank dans la période de The Americans
Peut être Wegee qui avait le donc unique de traiter tous ses sujets de manière égale.

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