Rechercher un article

AIPAD 2012 –Rick Wester

Preview

Jour 9

En sortant de chez Robert Mann, je vais boire un soda à l’ex Empire Diner – endroit mythique ou nous avons fini entre copains plus d’une fois, affamés et légèrement éméchés les jeudi soirs de vernissage.
Juste le temps de me concentrer sur mon prochain galeriste :Rick Wester – juste le temps de préparer mes questions sur son expo du moment: D.W. Mellor: Garvey: 30 Years, A Photographic Portrait.

Encore une histoire incroyable – Ca m’intrigue ces histoires là.
Lors d’un shoot commercial en Pennsylvanie, le photographe D. W. Mellor voit passer sur la route, un improbable personnage sur une Harley, c’est Garvey. Il est inspecteur technique pour Boeing mais a choisi de vivre isolé, ou plutôt en retrait du monde moderne. Sa modestie et sa simplicité ont plu au photographe qui est revenu photographier Garvey chaque année pendant 30 ans. Ils sont devenus amis. Rick Wester expose ces 30 ans de portraits.
Je file à la galerie me régaler de ces images étranges – douces certes, mais brutes aussi.
Rick entre avec dans les mains un tirage de Joe Deal qu’il a choisi de me montrer. Pour la première fois depuis le début de ce projet, je suis surprise. Même pour un marchand d’art de la troisième génération comme Rick, le choix est audacieux – la tendance de ses pairs étant plutôt de célébrer des photographes qui ont fait l’histoire tel Ansel Adams ou Robert Franck. Rick m’explique qu’il est tombé immédiatement en admiration devant le style inconventionnel et presque rebelle de Deal: son choix de photographier des paysages urbains et non sauvages, de les exposer sans contraste pour en accentuer le cote désaffecté. Il y a du vide et une notion de perdition dans ces images ce qui est très radical pour l’époque.

Nous nous sommes perdus dans cette passionnante discussion.
Je n’ai pas eu le temps de poser mes questions sur Garvey – sauf deux rapidement sur le pas de la porte.
« Garvey est il venu voir cette exposition? » – « Non ».
« Où est-il? » – «Personne ne le sait, même pas Mellor ».

Décidément, j’adore les histoires.

Merci Rick.

De la découverte de la photo à l’ouverture de sa galerie…
Rick raconte qu’il a grandi “dans” l’art. Son père – Européen d’origine – était marchand d’art de tirages et de dessins de maître. Rick se souvient avoir encadré des Dürer et Rembrandt à l’âge de 10 ans.
Il se souvient très bien aussi de sa première fascination pour la photo. A l’époque, il était au collège à Westchester où il y avait un magazine gratuit. Cette fois-là, les éditeurs avaient publiés un portfolio des photograohies d’Emmet, de sa famille et de sa femme, dont certains nus. Il dit que ces images l’ont complètement fasciné.
C’est à partir de ce moment-là qu’il a suivi des cours d’art et a obtenu son diplôme en beaux-arts et photographie.
A 24 ans il se met à son compte et commence à acheter et vendre des triages.
En 1992 il entre chez Christie’s. Il y restera 9 ans. Il s’en souvient comme du meilleur poste de sa vie, tant au niveau de l’aprentissage que du succès qu’il y a connu.
En 2001 il est engagé par la galerie Gagosian pour un an, puis il se remet a son compte. Là, il devient consultant pour la salle de vente aux enchères Philippe de Pury & Cie et y connaît certains de ses plus grands succès de vendeur – Vik Muniz, Robert Adams, Lee Friedlander, Philip-Lorca diCorcia, Garry Winogrand.
Il ouvre sa galerie en 2007 et accueille comme associé une ancienne collègue d’Howard Greenberg, Sara Stout. Comme il dit, il n’a peut être pas ouvert sa galerie au bon moment, mais il l’a fait, et il en avait envie depuis très longtemps.

Son meilleur souvenir de galeriste…
L’accueil qui a été fait à l’exposition du travail The lighthouse Project par Meghan Boody en 2008.
A l’époque ses montages photographiques, mettant en scène uniquement des enfants et tirés de ce qui pourrait être un inquiétant conte de fées, dérangeaient plus qu’ils ne fascinaient. Rick raconte que ce soir-là, il y avait une foule dans son espace et dans le couloir à son étage. C’est là qu’il s’est rendu compte qu’il avait ouvert un espace public. Il finit en disant que depuis lors, le travail de Meghan Boody est beaucoup plus largement regardé et collectionné.

Son pire souvenir de galeriste…
Il ne s’agit pas d’un souvenir précis mais plutôt d’une triste constatation. Rick explique qu’un des effets les plus graves de la récession, de l’internet et de l’explosion du marché de la photographie a été d’annuler quasi totalement la simple « balade artistique » qui amenait dans les galeries passants et collectionneurs confondus, simples amoureux de la photo aussi… Il regrette le temps où les gens prenaient le temps, connaissaient l’artiste qu’ils venaient voir, demandaient a en savoir plus, engageaient la conversation…
Il dit aussi que l’avènement du numérique a totalement changé la façon de regarder et d’appréhender l’image – en tout cas chez la jeune génération. Il regrette que l’éducation à l’image et à l’esthétique se fasse au travers des écrans et non plus des tirages papier.

Sa première photo achetée à titre personnel ou une photo qui a une importance particulière pour lui…
View, Salt Lake city, Utah, 1977 par Joe Deal

Sur le mur de sa chambre…
Sally Weld County par Robert Adams. Un don du photographe au galeriste pour le remercier d’avoir vendu ses triages à un moment où personne ne voulait les acheter.

S’il était un photographe connu…
Il hésite – les seuls photographes dont il admire le travail ont eu une vie plutôt malheureuse.
Il choisit John Williams Draper – ami de Samuel Morse – pas vraiment connu comme photographe mais en réalité le premier à avoir photographié en détail un visage humain: celui de sa femme, qui a du poser 5 heures immobile pour ce portrait. Il est aussi connu pour les premières photographies de la lune. Rick ajoute qu’il est particulièrement attaché à Draper parce qu’ils sont nés au même endroit.

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android