1. Quand et comment avez-vous commencé votre collection ? Quelle a été la première photographie que vous avez achetée ?
J’ai commence à collectionner il y a de cela 12 ans. Concernant mon premier achat de photographie, il s’agissait d’une impression vintage par Carlotta Corpron, une étude abstraite d’ombres en noir et blanc. Je l’avais acheté à un ami qui était collectionneur et qui avait eu la gentillesse de me laisser habiter dans son appartement après mes études universitaires. Il possédait une collection d’art et je réalisais que la notion d’appréciation d’une œuvre d’art changeait lorsque l’on vivait avec elle, j’ai pris le temps d’y réfléchir et de considérer la question, d’y réfléchir sous l’angle de l’évolution. Pour moi, il s’agit de la principale raison pour laquelle je collectionne, je fais l’expérience de l’art d’une manière complètement différente en vivant avec elle plutôt que de la regarder une ou deux fois dans un musée.
2. Qu’est-ce que vous considérez être votre premier vrai succès de collectionneur ? Votre plus grand échec ? Quelle est votre plus grande récompense ?
Mon premier succès de collectionneur se concrétisa avec l’achat d’un portfolio des impressions de Hans Bellmer. Mon plus grand échec se réalisa lorsque je manquais l’opportunité d’acquérir quelques-unes des œuvres rares de Duane Michals qui m’étaient alors proposées. L’œuvre de valeur de ma collection est une encaustique de Joel-Peter Witkin intitulée Printemps.
3. Sur quel sujet ou sur quel thème concentrez-vous vos efforts de collectionneur actuellement, s’il y en a ?
J’ai commencé à collectionner en me basant uniquement que ce qu’on appelle un niveau d’intuition, ce n’est que plus tard que je découvrais ce que serait mon thème de collection en examinant ce que j’avais rassemblé. Un jour, un photographe vit ma collection et il me dit « Oh, vous êtes un homme de noirs et de blancs. » En cela, il voulait dire que la majorité de ma collection était en “noirs” et en “blancs” et que la plupart des images représentaient une personne, même si seulement une d’entre elles concernaient des portraits, d’autres des photographies de l’événementiel, de la mode, de reportage, etc. Je crois qu’Helmut Newton l’avait remarqué froidement une fois à propos de paysages ou de quelque chose qui y ressemblait, « Elles ont tendance à être un peu sombre, n’est-ce pas ? » Je suppose que les extravertis considèrent les images de personnes plus avenantes et que les introvertis sont attirés vers les paysages en rapport à leur orientation psychologique interne. Les paysages ne représentent que 2% de ma collection mais j’apprécie beaucoup le peu d’images en ma possession.
4. Quelle est votre approche ? Vous fiez-vous à votre instinct ? Achetez-vous dans de galeries, chez des marchands d’art, à des ventes aux enchères, et/ou directement aux artistes ?
J’ai acheté auprès de galeries, revendeurs, ventes aux enchères, artistes, ventes privées et autres collectionneurs. Certaines des photographies auxquelles j’accorde le plus de valeur coûtent moins de quelques centaines de dollars. Une seule image doit posséder ce quelque chose qui vous transporte à un niveau profond et hors du temps, des photographies arborant des célébrités m’ennuient et sont éphémères. J’ai besoin de quelque chose qui me parle à un niveau plus profond de vie spirituelle ou de l’expérience humaine, et souvent, je ne peux pas vraiment exprimer ou comprendre pourquoi ce quelque chose me parle en ce sens.
5. Y a-t-il d’autres collectionneurs photo que vous admirez particulièrement ?
J’admire mon ami Herbert Lust, un grand collectionneur de Witkin et collectionneur d’art en général. Il m’a appris que vous ne deviez acheter que ce que vous aimez et ce avec quoi vous voulez vivre, et qu’une grande œuvre d’art possède une certaine qualité mystérieuse en elle. Si vous ne pouvez expliquer complètement pourquoi c’est attrayant et bon, cette œuvre ne va probablement pas à être convaincante ou ne durera pas longuement dans son mérite.
6. Est-ce que l’idée de collectionner des photographies anciennes est importante pour vous ?
Le ‘vintage’ pour moi est intéressant en ce qu’il exprime correctement l’intention originale de l’artiste. Par exemple, les anciens tirages de Disfarmer sont complètement différents des impressions posthumes réalisées à partir de négatifs découverts plus tard car les tirages originaux ont brûlé et esquivent ce qui reflète une certaine douceur des images de Disfarmer sur les imperfections de l’homme mis à nu par ses négatifs ciselés et majeurs. Comme Ansel Adams le disait « le négatif représente le score et l’impression, la performance», puis le tirage d’époque, s’il est bon, peut s’apparenter à un retour dans le temps pour y voir une belle performance, exactement comme le maître l’avait destiné.
7. En quoi la valeur potentielle de l’investissement joue par rapport au plaisir esthétique dans vos choix d’acquisition ?
Si l’on dépense une bonne partie de son argent sur une œuvre d’art, il ou elle devrait acheter avec précaution et à un prix équitable. Cela dit, acheter de l’art dans l’espoir qu’il va prendre de la valeur est une entreprise fade et n’a aucun intérêt. Il y a des moyens beaucoup plus facile de faire de l’argent et c’est un exercice cynique que de tout simplement acquérir ce que l’on estime que d’autres vont payer plus cher à l’avenir.
8. S’il y avait une seule photo que vous aimeriez avoir mais que vous n’avez pas pu acheter, laquelle serait-ce ?
Une impression vintage d’un portrait réalisé par Steichen de Gloria Swanson.