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AIPAD 2012, Alice Sachs Zimet

1. Quand et comment avez-vous commence votre collection ? Quelle a été la première photographie que vous avez achetée ?

J’ai commencé ma collection à peu près dix ans après mes débuts comme stagiaire au International Center of Photography – durant sa première année d’activité – en 1975 ! Et ironiquement, la première photo que j’ai achetée, le fut grâce à un déplacement que j’avais effectué en 1985 au Paris Art Museum à Southampton pour voir l’exposition Flowers, établie à partir de la collection de Sam Wagstaff. Je tombais littéralement amoureuse d’une photographie d’Andrew Bush issue d’une série qu’il avait réalisée sur une maison charmante en Irlande. Columbines m’a immédiatement frappée émotionnellement parce qu’elle mobilisait de nombreux éléments de mon enfance – des portraits de famille dans une bibliothèque avec une petite miniature au-dessus, un vase de fleurs et une quantité de livres de poche européens. Elle m’a parlé. (Commodément, Julie Saul était assise en face de moi dans le bus, et c’était elle qui s’occupait des ventes de Bush à cette époque). Donc je l’ai achetée en même temps qu’une autre pièce. Et malgré le fait que ma collection porte en priorité sur les personnes, j’adore toujours ces deux premières acquisitions !

2. Qu’est-ce que vous considérez être votre premier vrai succès de collectionneur ? Votre plus grand échec ? Quelle est votre plus grande récompense ?

C’est un peu comme de demander quel est votre enfant préféré ! Pas de grands regrets… mais mes goûts ont changé depuis mes débuts, ce qui semble être plutôt normal sur une durée de 25 ans. Il y a certains clichés que je n’apprécie plus mais seulement un très petit pourcentage. Quant aux succès, il peut être mesuré de différentes manières. L’un est peut-être financier et c’est agréable de voir que certains de mes premiers achats – Cartier-Bresson, Robert Frank, Sugimoto, Goldin, Mapplethorpe, Levitt, Muniz, Serrano – ont vu leur cote grimper. Mais probablement que le succès dont je suis le plus fière, c’est de voir tous les sceptiques qui me disaient que « la photographie n’est pas un art » se mettre à commencer des collections ! J’ai un enthousiasme communicatif pour la photographie et je suis toujours contente quand quelqu’un – un collectionneur ou même un vendeur – me disent que je les ai influencés. C’est très enthousiasmant.

3. Sur quel sujet ou sur quel thème concentrez-vous vos efforts de collectionneur actuellement, s’il y en a ?

Je dirais qu’il y a peu de thèmes. Depuis le début, le thème qui a traversé toutes ces années, c’est la référence à l’histoire de l’art et mon amour pour les portraits d’artiste (et quelques autoportraits). J’ai un diplôme d’histoire de l’art, et mon premier travail était au Metropolitan Museum of Art. Donc ma pratique de collectionneuse s’est construite autour des portraits d’artistes – et je possède au moins trente d’entre eux. Il y a le portrait par Cartier-Bresson de Matisse, le portrait de Giacometti par Karsh, un formidable portrait vintage du jeune Nureyev par Avedon, Cindy Sherman en Lucille Ball, le portrait de Rodin par Steichen, et même des « portraits » des studios d’artistes (le studio de Cézanne par Bill Brandt, et celui de Picasso par Brassaï au milieu des années 40). J’aime aussi l’interconnexion entre les artistes dans la vraie vie – Noguchi (par Karsh) qui a eu une relation longue avec Martha Graham (par Barbara Morgan) et qui a créé le symbole (lyre) pour le ballet de New York (image de Platt Lynes). Ou un portrait par Beaton de David Hockney et de son partenaire Henry Geldzahler réalisé en même temps que la première exposition d’Andy Warhol (par le photographe du Village Voice Fred McDarrah). Un autre thème est lié à la France où j’ai passé beaucoup de temps (mon grand-père a vécu là-bas pendant presque cinquante ans) – Sur les rives de la Marne de Cartier-Bresson, le Sous la Tour Eiffel de Kertész, le Peintre de la Tour Eiffel de Marc Riboud et une magnifique impression par contact de Brassaï du Promeneur et un autre de Renee par Lartigue. Et enfin, je suis attirée par les portraits dans leur rapport à l’esprit humain. Ces portraits, au fil des années, sont devenus de plus en plus puissants, et un peu plus « frappants » et choquants – Bill Klein, Lisette Model, Alec Soth, et Christer Stromholm, pour en citer quelques-uns.

4. Quelle est votre approche ? Vous fiez-vous à votre instinct ? Achetez-vous dans de galeries, chez des marchands d’art, à des ventes aux enchères, et/ou directement aux artistes ?

Mon approche est éclectique – j’achète dans les galeries, dans les ventes aux enchères, dans les art fairs, et les ventes de charité. Mais je me prépare énormément – donc même si certains aspects sont instinctifs, j’essaye de mener quelques recherches – de la provenance des clichés aux rapports sur leur état, même si c’est une vente de charité.

5. Y a-t-il d’autres collectionneurs photo que vous admirez particulièrement ?

J’admire tous les gens qui prennent l’activité de collectionneur au sérieux – et supportent les artistes, les galeries, et les organisations non caritatives dans le processus de création. Durant la dernière année, j’ai pris beaucoup de plaisir à faire partager mon expérience en apprenant aux autres comment collectionner. Collecting Photography 101: Beginner Basics (Collectionner les photographies : les bases pour débutants) n’apprend pas aux étudiants quoi acheter mais les outils pour poser les bonnes questions et gagner de l’assurance pour faire les bons achats. Collecting Photography a commencé avec le Camera Club de New York et des classes ont maintenant été à L’ICP, au Centre pour la photographie de Woodstock, au PRC à Boston, au Jewish Museum, et même au Columbia Museum of Art de Caroline du Sud. Une nouvelle classe pour photographes – plutôt que pour les collectionneurs – est sur le point de commencer également : Inside the Collector’s Mind : How They Think, Decide and Buy (Dans l’esprit du collectionneur : Comment ils réfléchissent, décident et achètent) pour aider les artistes à comprendre ce qui intéresse les collectionneurs !

6. Est-ce que l’idée de collectionner des photographies anciennes est importante pour vous ?

A vrai dire, oui ça l’est.

7. En quoi la valeur potentielle de l’investissement joue par rapport au plaisir esthétique dans vos choix d’acquisition ?

Je ne collectionne pas pour faire des « investissements » mais je crois à l’approche de « seuil ». Au-dessus d’un certain montant, beaucoup d’entre nous ont un « seuil » au-delà duquel ils ne dépenseront pas leur argent. Et vous devez l’accepter. Et tout ce que vous envisagez au-dessus de ce « seuil », vous le regardez comme une pièce de collection ou un produit pour lequel vous savez que vous pourrez l’échanger ou le revendre.

8. S’il y avait une seule photo que vous aimeriez avoir mais que vous n’avez pas pu acheter, laquelle serait-ce ?

Je suis totalement opportuniste. Rien n’est sur mon radar et tout l’est en même temps. J’aime regarder les catalogues des ventes, corner les pages et vérifier s’ils vendent les pièces. Souvent, quand ils ne les vendent pas, je suis en contact avec le spécialiste le jour suivant !

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