«A Bigger Room» (Une salle plus grande) dépeint l’aspect symbolique de la violence à laquelle les travailleurs domestiques migrants sont confrontés au Liban, en particulier dans le domaine privé, où le travailleur est généralement tenu à distance.
Le projet se concentre sur Priya qui a travaillé dans notre maison familiale pendant plus de vingt ans et que je considère comme ma deuxième mère. Le titre du projet fait non seulement référence aux pièces dans lesquelles vivent les domestiques à l’intérieur de la maison (espaces étroits qui ne dépassent jamais huit mètres carrés), mais aussi à la place émotionnelle qu’ils habitent au sein de l’unité familiale.
Je demande à Priya, à ma famille et à moi-même si Priya est considérée comme faisant pleinement partie de la famille. Malgré notre proximité physique et émotionnelle, il restera toujours des barrières. Tant que le système Kafala est en place et aussi longtemps que la société libanaise aura des préjugés, chaque travailleur où travailleuse arrivant au Liban entrera dans le pays sans aucune protection de ses droits. Si leur expérience au Liban ne dépend que des antécédents et de la personnalité de leur employeur, c’est d’emblée un problème. Tant que les employeurs seront les sponsors, les inégalités de pouvoir persisteront. Priya s’est retrouvée dans une «bonne» famille. Et si elle ne l’avait pas fait? Et combien de temps avons-nous besoin de vivre ensemble pour qu’elle acquière une plus grande chambre?
Manu Ferneini
Né en 1998, Manu Ferneini est une photographe documentaire libanaise vivant à Beyrouth. Si son œuvre est éclectique, ses photographies tournent autour de notions d’identité sociale, qu’elle soit réelle, construite ou imposée. Elle s’intéresse particulièrement au pouvoir de la couleur et de la lumière et à leur capacité à impacter la lecture de l’image par le spectateur.
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