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Adieu Göksin par Jobard

Je voudrais trouver les mots pour parler de Göksin.
Mais mettre des mots sur une personne qui était à la fois un  patron,
un visionnaire,
un mentor,
un confident,
un ami,
peut être même une sorte de père…n’est pas une tâche facile.
En fait,  je doute d’y arriver.
 
Tous ceux qui ont travaillé à l’agence ont une image bien particulière et intime de lui. Tous ont certainement ici une histoire à raconter autour d’une engueulade, d’une négociation, d’un fou rire ou d’une crise de larmes.
 
En fait, pour brosser le portrait de Göksin, il faudrait que chacun y aille de son anecdote … et là, alors, peut être que le tableau aurait l’air de quelque chose de ressemblant…
 
En tout cas, moi quand j’avais 20 ans, je voulais être reporter.
Je me souviens de ma famille dénigrant cette idée.
Mon propre père jurant que j’allais finir seul dans une chambre de bonne. 
Forcément sans le sou.
Personne n’avait l’air de se dire que cette vie pouvait être possible.
A part Göksin.
Qui m’a donné ma chance alors que j’étais encore étudiant et que mon seul rêve était de voyager et de raconter des histoires avec mes images.
 
Il faut croire qu’on peut se créer une famille.
Se construire une famille de cœur.
 
Et ça, c’est SIPA. Une famille. Et même une famille nombreuse.
 
Göksin a réussi à nous réunir tous auprès de lui pendant toutes ces années grâce à son immense force de caractère, à sa générosité, et surtout à sa façon d’avoir confiance en nous.
Comme dans toutes les familles, chacun jouait des coudes,  affichait ses différences et cherchait sa place …
Forcement, on voulait tous lui plaire.
 
Travailler avec Göksin, c’était exister dans le monde la photo, mais aussi exister à ses yeux.
Les deux étaient liés.
Aujourd’hui,  les cartes sont redistribuées.
Et nous sommes tous orphelins.

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