La photographie sur papier est née en 1839 en Angleterre à l’abbaye de Lacock. Une nouvelle exposition de photographies juxtapose le travail de son inventeur William Henry Fox Talbot (1800-1877) avec le travail contemporain de Hiroshi Sugimoto, Abelardo Morell et Mike Robinson. L’abbaye de Lacock: le lieu de naissance de la photographie sur papier sera exposée à Hans P. Kraus Jr. Fine Photographs du 2 mars au 10 mai 2019. L’exposition, qui rend hommage à la demeure ancestrale bien-aimée de Talbot dans le Wiltshire, présente des extérieurs et des intérieurs architecturaux, natures mortes, portraits et études sur les arbres de Talbot, complétés par les interprétations de trois artistes contemporains, inspirés par ses photographies pionnières.
Parmi les points forts de l’exposition, citons l’un des premiers exemples du processus négatif du calotype de Talbot: ligne de toit stable, cour nord-est, abbaye de Lacock, gravure au sel datant de septembre 1840, réalisée un an après, avoir annoncé son invention au monde. Ce tirage apparemment unique n’a jamais été exposé auparavant. (Ceci est confirmé par le catalogue Raisonné de William Henry Fox Talbot, qui vient d’être publié par les bibliothèques Bodleian.) Située dans la cour nord-est de Lacock, cette image spectrale montre le talent inné de composition de Talbot soulignant les proportions géométriques de sa maison.
Talbot a démontré que la photographie pouvait servir de pont entre les mondes ancien et moderne avec son Buste de Patroclus, 1842. Le buste en plâtre de Patroclus, défenseur d’Achilles, était l’un des sujets les plus fréquemment utilisés. Contrairement à une personne, un moulage de platre reste stable pendant les longues expositions et les expériences avec la lumière. Cette tête hautement réfléchissante, sculptée avec audace, modifie la lumière et les ombres d’ un nombre infini de façons, sous des angles très variés. Les coups de pinceau de Talbot au bord de ce tirage au sel exceptionnel l’identifient comme un premier tirage enduit à la main. Les tirages ultérieurs ont paru dans The Pencil of Nature de Talbot, le premier livre illustré photographiquement publié dans le commerce (1844-1846). L’impression visible a été réalisée à partir du même calotype négatif que celui utilisé ultérieurement dans The Pencil. Les historiens de l’art sont redevables à Talbot, car son invention a permis aux érudits d’étudier des objets grace à la reproduction photographique.
On peut également admirer Lace (La Dentelle), un beau tirage au sel du début des années 1840. Le négatif de ce tirage a été réalisé sans appareil photo en plaçant un morceau de dentelle sur une feuille de papier sensibilisé, capturant son ombre et produisant une image graphique audacieuse. Lorsque Talbot a tenu Lace devant un groupe de personnes, ils ont pensé qu’il s’agissait d’un morceau de dentelle et ont été stupéfaits d’apprendre qu’il s’agissait plutôt d’une représentation photographique. Physiquement plate, très détaillée et présentant une myriade d’anomalies distinctives telles que des fils déchirés, Lace était un exemple idéal de la méthode utilisée par Talbot pour démontrer la capacité de la photographie à enregistrer un niveau de détail comparable à celui trouvé dans les natures mortes des peintres Hollandais les plus accomplis.
La maison de Talbot et ses interprétations ont inspiré plusieurs artistes vivants. Hiroshi Sugimoto (Japonais, né en 1948) renouvelle notre sens de l’émerveillement et du mystère qui ont accompagné l’aube de la photographie et rend hommage à Talbot dans An Oriel Window de l’Abbaye de Lacock, probablement l’été 1835, avec un tirage argentique de 2010. Sugimoto a photographié l’un des premiers négatifs photogéniques de Talbot a inversé l’image au cours du processus de reproduction et l’a considérablement agrandie, obtenant ainsi une empreinte positive d’un négatif que l’inventeur n’avait jamais tiré. Il a ensuite donné à l’image des tonalités correspondant à celles des impressions de Talbot. L’intervention créative de Sugimoto est une réflexion sur le médium, relatant implicitement ses débuts tout en signalant la vision de son avenir.
Abelardo Morell (américain, né en 1948 à Cuba) a réalisé sa première image en 1991, dans son salon sombre, selon les techniques de la camera obscura: Courtyard Building, Lacock Abbey, England, de 2003, créee par l’artiste fait en partie hommage à Talbot pour suggérer l’esprit persistant que son invention continue de donner à la curiosité et à la pratique des artistes contemporains.
Ironiquement, les images les plus récentes de la série sont des daguerréotypes réalisés en 2018 par Mike Robinson (Canadien, né en 1961). Il apporte hardiment sa maîtrise du procédé de l’inventeur français Daguerre à la maison de l’inventeur britannique de la photographie sur papier.
Lacock Abbey: Birthplace of Photography on Paper
Du 2 mars au 10 mai 2019
Hans P. Kraus Jr. Fine Photographs
962 Park Avenue
New York NY 10028