Rassemblant plus de 50 photographes de Turquie et du monde entier, le festival international de photographie Fotoistanbul Besiktas, débuté le 30 septembre, vient à la rencontre des amateurs de photographie, pour la quatrième fois cette année. Il célèbre la photographie à travers de nombreuses expositions et évènements parallèles tels que des débats, des tables rondes, des master class, des séances de critiques de portfolios et de dédicaces. Le festival, évènement photographique le plus important de Turquie, se déroule pour cette édition principalement dans les places et les rues de Beşiktaş, mais aussi à l’orphelinat Ortaköy, dans de nombreux centres culturels et des galeries comme l’Art Galerim, Mixer, Fotoğraf Evi, Istanbul Fotoğraf Galerisi, O’Art, Gama et Fototrek. L’Œil de la Photographie s’est entretenu avec Attila Durak, directeur artistique de Fotoistanbul.
Que pouvez-vous nous dire à propos de Fotoistanbul ?
Le festival international de photographie Fotoistanbul est le plus grand festival photographique de Turquie. Nous souhaitons créer une plateforme spéciale qui relie l’Est et l’Ouest, le classique et le moderne, les maîtres et les apprentis, dans le but de faire d’Istanbul – l’une des plus anciennes villes de l’histoire – un foyer local de la scène photographique internationale dans les années à venir. Malgré les bouleversements incessants que connaît la région, le langage universel de la photographie est un espace sûr pour la communauté et la communication, où l’Est et l’Ouest, l’ancien et le nouveau, l’oppresseur et les oppressés font face ensemble au flot d’évènements navrants, trouvent des buts communs et communiquent entre eux. Istanbul est une ville particulière, qui permet naturellement la rencontre entre l’Europe et l’Asie, les arrivants et les partants. Avec ses rues et ses espaces publics, elle devient le lieu idéal pour faire naître cette atmosphère de conscience collective.
Outre cette mission, nous sommes très attachés à la façon dont notre festival va à la rencontre de son public. Depuis notre toute première édition en 2014, nous essayons de faire sortir la photographie dans les rues, de l’éloigner des murs, des règles et des motivations financières pour l’intégrer à la vie quotidienne des stambouliotes et trouver des modes de présentation qui permettent à chacun d’établir un lien inattendu avec les images, et que potentiellement, des millions de personnes puissent les découvrir en dehors des lieux d’art traditionnels. Nous transformons des espaces déserts, des places et des rues en zones d’exposition qui viennent s’ajouter aux galeries. Pour Fotoistanbul, Istanbul est une formidable galerie naturelle dont Beşiktaş forme les murs.
Comment cela a t-il commencé et quelle part du projet a t-elle été réalisée à ce jour ?
Notre rêve était de créer une plateforme de partage par la photographie dans cette ville de vingt millions d’habitants. En réalité, Fotoistanbul était un besoin plus qu’un rêve, un moyen pour les photographes locaux de rentrer sur la scène internationale et une fenêtre à travers laquelle le monde pouvait observer le travail des photographes de la région. La ville en soi est un pont culturel, et notre objectif premier était de montrer la photographie mondiale au public turc. Si l’on s’en tient aux chiffres des trois premières années, les résultats ont dépassé nos attentes. Presque 100 des 160 expositions étaient étrangères, et certaines présentaient les œuvres d’artistes de renommée internationale, comme William Klein, Josef Koudelka, Anders Petersen, Stanley Greene, Atta Kim, Nick Brandt, Antoine d’Agata, Sandro Miller, Ruud van Empel et Andre Kertesz.
Considérez-vous Fotoistanbul comme une réussite ?
Toutes les expositions et les évènements parallèles sont gratuits. Quels que soient leurs revenus, les amateurs d’art et de photographie, peuvent prendre part à l’expérience. La caractéristique principale de notre festival est sa localisation : il est dans les rues, ouvert à tous, sans portes fermées. Nous n’avons aucune limite dans la façon d’exposer. Tous les lieux peuvent servir à présenter des œuvres, du moment que nous pouvons atteindre et préserver la qualité. C’est une chose qui me ravit et me rend très fier.
Que prenez-vous en compte au moment de sélectionner les expositions du festival ? Quels sont vos critères ?
Nous avons deux façons de sélectionner. 1. L’équipe organisatrice choisit et invite des œuvres qui seront en accord avec l’histoire que nous voulons mettre en avant. 2. Les candidatures sont examinées et nos organisateurs en choisissent certaines. Il est important pour nous que les photographes sélectionnés discutent entre eux et forment un tout. Nous n’avons pas de limites conceptuelles ou thématiques. Nous aimons avoir des exemples originaux et modernes issus de toutes les disciplines, et nous intéressons notamment aux œuvres liées à d’autres formes d’art. En bref, nous essayons de réunir de bonnes photographies, sans nous limiter à un style particulier.
Quel est votre objectif avec Fotoistanbul ?
Devenir un festival durable, très attendu par le monde de la photographie comme par les stambouliotes. Exister pendant encore de nombreuses années. Même un mois par an, célébrer l’art de la photographie à Istanbul. Etre un bon festival.
Fotoistanbul
Du 30 septembre au 22 octobre 2017
Istanbul, Turquie