Automne chargé pour Stephen Shore, pionnier de la couleur, éternel étudiant de la photographie et paysagiste hors pair. Outre la grande rétrospective qui lui est consacrée à la Fondation MAPFRE à Madrid, deux de ses travaux sont à l’affiche d’une exposition à la 303 Gallery de New York.
Le premier est une série de photographies réalisées en Israël et Cisjordanie, publiée cette année chez Phaidon dans Stephen Shore: From Galilee to the Negev. Des paysages désertiques ou architecturaux répondent à des scènes de la vie quotidienne de ces peuples, et de jolis portraits se retrouvent nez à nez avec des images de propagande dans cet espace conflictuel. Comme toujours, Stephen Shore utilise ici son observation pour interpréter un climat sociologique et considérer de manière simple et à l’aide de points de vue divers la situation politique de la région et la nature controversée de ses territoires. Parce que, chez l’Américain, tout est sujet à photographies et que l’esthétique est obsolète, une vue de Hebron, en Cisjordanie, peut se retrouver aux côtés d’une image d’un repas typique, une carte pointant Sderot, en Israel, aux côtés d’un femme voilée et de dos.
Le second travail présenté dans cette exposition est composé d’images prises en Ukraine, où Stephen Shore est allé à la rencontre de derniers survivants de l’Holocauste — à Kiev mais aussi dans des lieux reculés tels Bazalia ou Borispol. Il s’est promené autour des villages et dans les maisons, photographiant principalement des objets, sortes de reliques d’un passé chargé. Il y a des intérieurs montrant des papiers peints désuets, de vieux postes de radio, un téléphone, une ampoule sur un mur bleu, un carton de pommes fraîches prêtes à être découpées au canif. Autant d’images qui n’ont rien d’extraordinaire, mais qui informent d’une histoire aussi ancienne qu’émouvante et d’un quotidien actuel à la mémoire encore fraiche. En dehors des deux sujets qu’elle met en avant, cette exposition est à nouveau l’occasion de se rendre compte du sens du détail de Stephen Shore, et de sa capacité à se détacher d’un quelconque art dramatisant.
EXPOSITION
Stephen Shore
Jusqu’au 1er novembre 2014
303 Gallery
507 W 24th Street
New York
USA
