Samuel Fosso a dû fuir son Cameroun natal à cause des persécutions causées par la guerre du Biafra. Il s’est réfugié à Bangui, en République centrafricaine, où, à treize ans, il a ouvert son propre studio photo. Ses autoportraits expressifs en noir et blanc des années 1970 font référence aux populaires musiciens ouest-africains, aux dernières tendances de la jeunesse et à la publicité politique, constituant un projet photographique sans précédent qui explore la sexualité, le genre et l’autoreprésentation africaine. Ces autoportraits ont ainsi, à travers le temps, progressivement pris une dimension sociale et politique universelle. Dans sa série intitulée African Spirits (2008), il incarne des personnages emblématiques de l’indépendance africaine, du mouvement des droits civiques aux États-Unis ou des personnalités culturelles africaines et américaines, telles que Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, Muhammad Ali, Seydou Keïta, Martin Luther King ou Nelson Mandela. Dans sa dernière série, Black Pope, Fosso conteste l’immuable vénération catholique de la blancheur dans la culture visuelle contemporaine, qu’il revisite dans une version protestante plus sombre et rétive du Pape.