La semaine dernière, nous vous proposions une plongée dans les archives des Rencontres d’Arles grâce à la richesse de son fonds dorénavant disponible sur son site.
Accessible à tous, la médiathèque offre un patrimoine audiovisuel inespéré pour les chercheurs et amateurs de photographie. Dès la homepage, elle offre un accès éditorialisé, où selon l’actualité du festival, les contenus ou les dernières contributions s’affichent. Aurélien Valette, responsable de la communication et des nouveaux média des Rencontres d’Arles nous en décrypte les différents usages et ses ambitions pour cette plateforme jeune, riche en ressources visuelles et sonores.
Comment est née l’idée de la médiathèque des Rencontres d’Arles?
En fait, elle est née d’un constat assez simple. Ces 5 dernières années, nous nous sommes vraiment aperçus que la ville d’Arles était un lieu de rencontre entre artistes et Publics, que cela fonctionnait très bien in situ mais pourtant, on ne gardait pas mémoire de cela. Ensuite, pour des raisons de communication, nous avions besoin de pouvoir montrer ce que nous étions capable de faire chaque année, offrir la possibilité aux artistes de parler de leur travaux et d’échanger autour de cela: ce qui est très riche. Tout cela nous a conduit à la question de patrimoine. Le festival a plus de 45 ans. D’une certaine manière, il a tracé une histoire de la photographie contemporaine, avec ses aléas de directions dans les années 90 qui changeaient chaque année. Jusqu’à présent, le festival restait lié à l’évènement: ce qui se faisaient au moment présent mais il n’y avait pas d’idée de conservation. Bien sûr, selon la volonté de certains directeurs il y eut des initiatives mais cela reste très parcellaire.
Récemment, on a retrouvé dans le grenier du bureau à Arles, des cartons d’enregistrements réalisés par les fondateurs dans les années 70. Ensuite, il y a eu un délitement dans les années 80/90, puis on s’est réveillé dans les années 2000. A partir de là, nous avons donc mis en chantier un espace qui serait le réceptacle de ces documents divers tout en nous lançant également dans des productions et des co-production, avec Arte créative par exemple pour enregistrer tous ces moments de paroles ou les spectacle. Et tout cela s’est mis en oeuvre il y a 5 ans.
Que trouve-t-on dans la médiathèque aujourd’hui?
Il faut voir la médiathèque comme un espace en ligne de référence autour de la photographie basée sur l’expérience du festival mais pas uniquement. Notre souhait est aussi de proposer à tous ceux qui ont du contenu de les rassembler, de créer des collections de contenus sur les photographes ou encore des thématiques qui auraient été abordées dans le festival. On y trouve donc des interview, des retranscriptions complètes de colloques et de débat. Aujourd’hui, ce sont plus de 50 heures de vidéos, de l’interview aux documentaires, des captations au Théatre Antique, une centaine d’heures d’enregistrements sonores, principalement des colloques et des débats. Nous avons aussi réalisé quelques enregistrements sonores de visites d’expositions avec les artistes. Jusqu’à présent, nous avons préféré produire nos propres contenus, quelques coproduction avec le réseau Canopée, et nous récupérons aussi à l’INA des documents audiovisuels. Mais à moyen terme, nous souhaitons ouvrir les contributions sur l’extérieur, par exemple avec les écoles, certains magazines. C’est une toute autre économie d’être une chaine de télévision en ligne, et bien que nous soyons conscient de la richesse patrimoniale que cela représente, nous n’avons pas toujours les moyens de produire de contenus audiovisuels liés à la photographie. Alors, qui a envie d’en être est le bienvenu.
Comment cela s’organise et s’articule?
L’outil s’adresse à tous les publics qui ont un intérêt pour la photographie. Nous avons, d’un côté, un public expert qui pourra justement y retrouver les colloques, les débat. En même temps, nous avons des publics plus jeunes, notamment des scolaires, des enseignants qui trouvent là, matière à alimenter des cours autour d’un photographe ou d’une thématique.
On entre dans le fonds par une indexation des noms de toutes les personnalités qui ont participé et qui ont eu un article, mais on peut également y accéder par chronologie et par nationalité. Aujourd’hui nous avons encore peu de choses sur les années précédant 2000. L’INA nous a proposé de numériser nos archives et c’est pour nous, une opportunité formidable car il y a près de 700 supports. Et de la même manière qu’ils numérisent toutes les émissions audiovisuelles, ils ont missionner des documentalistes pour nos supports. Ainsi, nous pourrons très vite alimenter la médiathèque avec des contenus plus anciens. j’aimerais aussi attirer l’attention sur un onglet un peu plus évènementiel, il permet de coller un peu plus à l’actualité du festival en générant une sorte de petit magazine: Par exemple, il fait remonter les archives d’un artiste préalablement invité et de nouveau présent dans l’édition en cours du festival. Ou bien encore l’arrivée de nouveaux contenus. C’est un très bel outil de communication. Mais l’outil le plus précis, bien sûr, reste le moteur de recherche qui permet de croiser les différents types de documents. On essaie d’ailleurs d’en proposer un maximum en version françaises et anglaise: plus de 1200 article en Français, environ un millier en anglais, et plus de 500 notices de personnalités. Le lecteur arrive, en général, par le site institutionnel des Rencontres et cherche à pousser un peu plus sa connaissance, mais il y a aussi les requêtes directes sur les moteurs de recherche type google.
Quels ont été les défis de ce projet?
Le plus gros défi, qui reste d’ailleurs permanent pour ceux qui gèrent un fonds d’archives, c’est d’une part de restituer une archive qui soit écoutable ou regardante, en effet certaines ne pourront pas être exploitées. D’autre part, pouvoir accompagner le document d’une contextualisation. Nous avons donc procédé par étape, c’est à dire que nous avons maintenant l’outil et le principal défi réside aujourd’hui dans l’accompagnement et la contextualisation de ces archives. Mettre tel quel des contenus audiovisuels à disposition, tout le monde peut le faire, or nous avons une vocation importante de médiation. Nous sommes donc très attentifs et à l’écoute des propositions qui peuvent nous être faites par des chercheurs ou des étudiants.