Musique audacieuse, visuels épurés, énergie retrouvée : à la fin des années 1970, le rock anglo-saxon s’exilait à Berlin pour raviver son inspiration… En 1976, David Bowie vit à Los Angeles, surnageant en plein délire paranoïaque. Il compare le charisme de Mick Jagger à celui d’Adolf Hitler, ne se nourrit que de lait et de poivrons, et, surtout, pourrait bien perdre sa créativité. Pris d’un sursaut de lucidité, il fuit. De toute évidence, Berlin s’impose.
En effet, depuis la tournée de l’album Station to Station (1976), Bowie ne cache pas son intérêt pour la culture allemande, du théâtre engagé de Bertolt Brecht à l’expressionisme du peintre Erich Heckel, en passant par le rock avant-gardiste de Neu▪! ou de Kraftwerk. Bowie est l’un des premiers musiciens anglo-saxons à deviner l’impact des ces musiques froides sous influence synthétique. À l’époque, la ville est un bouillon de culture vaguement inquiétant, parfois euphorique, et d’une énergie contagieuse. Avec Iggy Pop en guise de compagnon de désintoxication — idée saugrenue qui se révèle néanmoins efficace —, Bowie s’installe dans le quartier de Schöneberg.
Extrait de l’article de Sophie Rosemont.