Xiao Quan (qui se prononce Shiao Chou’an) né en 1959 à Chengdu, est connu dans le monde de la photographie chinoise comme le meilleur portraitiste du pays. J’ai beau chercher, je n’arrive pas à trouver un autre nom dans la lignée d’August Sander, Diane Arbus ou Annie Leibovitz.
L’été dernier, à Shanghai, il a fait l’objet de 3 expositions et de 7 conférences. Au musée d’art K11, l’une portait sur son livre best-seller publié en 1996 Notre Génération et l’autre sur ses souvenirs d’assistant de Marc Riboud en Chine, de 1993 à 1996. La troisième exposition avait lieu dans une autre adresse prestigieuse, au 10 Corso Como et présentait la nouvelle série de Xiao Quan appelée Faces of Our Time.
À 20 ans, avant de rejoindre l’armée, Xiao Quan achète son premier appareil photo, un Seagull 205. Son service militaire terminé, il travaille pour Modern Photography, l’un des premiers magazines de photo chinois fondé à Shenzhen et commence à faire des portraits de ses amis. À cette époque, la Chine est engagée dans des réformes. Après la Révolution culturelle (1966-1976) émerge une profusion d’écrivains et de poètes, de musiciens et d’artistes, dont témoignera Xiao Quan. En 1986, il tire le portrait du couple de poètes Gu Cheng et Xie Hua.
Gu Cheng, qui était un homme bon, mais à l’âme tourmentée, s’est suicidé sept ans plus tard après avoir tué sa femme après une dispute sur une île déserte de Nouvelle-Zélande. D’autres personnalités relativement inconnues dans ces folles années 1980 et 1990 sont devenues célèbres plus tard, comme le musicien Tan Dun qui a reçu un Oscar, les réalisateurs Zhang Yimou et Chen Kaige, les peintres et artistes Wang Guangyi, Fang Lijun, Zhang Xiaogang et Zeng Fanzhi.
Il a photographié la première vedette de rock chinois Cui Jian et ses fans hystériques à ses concerts. Xiao Quan a capturé la fameuse romancière taïwanaise Sanmao en 1990, un an avant son suicide (un autre destin tragique). Son portrait de Sanmao a attiré l’attention de la danseuse Yang Liping qui a plus tard fait de Xiao Quan son photographe attitré.
En 2010 à Pékin, Xiao Quan a monté une rétrospective avec ses 20 ans d’archives photos de la danseuse qui a fait sensation. De cet incroyable portrait de Yang dansant sur la Grande Muraille, Xiao Quan a dit : « Elle n’était vêtue de rien, sauf d’un drap blanc enroulé autour de son corps. Le vent soufflait si fort qu’elle a failli tomber de la Muraille.»
Jean Loh
Xiao Quan, Notre Génération
