TT est un projet qui rassemble une galerie d’images et de témoignages traitant de l’allaitement, sujet auquel toute nouvelle mère est confrontée, qu’elle fasse le choix d’allaiter ou non.
En 2001, l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a édicté une norme offcielle en faveur de l’allaitement maternel. L’union Européenne a fait de l’allaitement « une priorité de santé publique ».
Alors que pendant des années la norme était au biberon, voici 10 ans que la situation a connu un revirement de situation, prônant aujourd’hui le lait maternel comme l’aliment idéal du nourrisson.
Cette nouvelle recommandation soulève des problématiques concernant la question du choix d’allaiter ou non son enfant.
En effet, on se rend vite compte que le libre choix n’est pas si simple et la jeune mère peut vite se retrouver entre culpabilité et nécessité de se justifer, quelque soit son choix. Elle doit allaiter (au risque de passer pour une mauvaise mère) mais en même temps pas trop longtemps et éviter les lieux publics. De plus les réactions se font violentes du point de vue des opposantes d’Elisabeth Badinter suite à la sortie de son ouvrage Le conft : la femme et la mère.
Le fossé se creuse entre les partisantes du pro allaitement et les autres.
Mon projet tente de questionner ces problématiques et d’aller au-delà de ces jugements en mettant sur le même plan un enfant allaité et un enfant nourrit au biberon. Les pères participent également et leurs témoignages importent. Quelle place ont-ils aujourd’hui dans l’alimentation de leur enfant ?
Tous présentés sur le même plan, pères et mères, tel-lles des Madones ou les Vierges à l’enfant de la peinture classique regardent droit vers l’objectif.
TEMOIGNAGES
LUCIE
Avant la naissance de ma fille, je savais juste que je voulais l’allaiter le plus longtemps possible, sans savoir du tout combien de temps cela pourrait représenter (6 mois ? 9 mois ?…) mais juste ce désir, cette certitude qui venait du fond de mes tripes… je l’allaiterai. Lorsque notre fille est née, nous avons rencontré de grosses difficultés pour que l’allaitement se passe bien. Elle ne prenait que peu de poids, j’avais mal,… mais j’étais toujours mue par ce désir de vivre un allaitement serein. Nous avons surmonté de nombreuses difficultés grâce au soutien indéfectible de mon compagnon sans qui je n’aurais jamais pu vivre cette magnifique aventure, et à La Leche League qui a su me soutenir dès les premiers jours pour faire de ce désir une réalité. Aujourd’hui, notre petite fille a 17 mois et notre histoire d’allaitement se poursuit… dans la joie, la complicité, quelques agacements et impatiences. C’est aussi le bonheur pour nous ses parents de voir cette enfant qui nous a été confiée grandir si harmonieusement, en partie grâce à mon lait qu’elle reçoit jour après jour depuis sa naissance et qui renforce son immunité et notre relation.
VINCENT
En tant que papa, l’avantage considérable de l’allaitement (au-delà des biens faits du lait maternel) est le fait que je n’ai pas besoin de me lever la nuit ! Plus sérieusement, en cas d’allaitement exclusif, les premières semaines j’ai pu ressentir un sentiment de frustration, d’inutilité ou de déséquilibre face à larelationprivilégiéequis’instaureentrelamamanetlebébé.Jesuiscontentde partagerdesmomentsagréablesavecluienluidonnantquelques biberons de temps en temps (surtout le jour !); et pas uniquement lui changer la couche. Enfin, du point de vu pratique, l’allaitement permet d’avoir toujours le repas « sous la main » et chaud quelque soit la situation sans avoir à anticiper. Mais d’un autre côté, cela contraint la maman à une dépendance vis à vis du bébé. Cet aspect là je le ressens également parce que je ne peux pas partir plus de 3h seul avec mon bébé (sans la maman).
LAURE
Ma fille a bientôt 5 mois. Je n’ai pas allaité parce que mon corps avait déjà assez souffert, que je hais les réactionnaires de la leche league, que mon lait est sûrement plus toxique que du white Spirit (reportage sur Arte), que pour moi les nuits sont faites pour être partagées entre père et mère, nous souhaitions partager cela et l’amour qui se transmet au moment des repas. Bref, le fait de ne pas allaiter pour moi, c’était presque politique, j’y vois plus qu’un choix voulu des mères, un retour de la femme à la maison, encouragé par des mouvements et des politiques associatives et hospitalières. Voilà, c’était mon choix à moi. On ne sait jamais si c’est le bon, puisque pour toute femme, le premier bébé est une découverte.
ISABELLE
J’ai 2 enfants et j’ai allaité pour les 2 : jusqu’au 8mois de ma fille correspondant à la reprise du travail, et là j’allaite encore Maël (certainement jusqu’à la rentrée) Quasi toutes mes proches ont allaités alors sur leur bon conseil je me suis lancée dans l’aventure. Au début on dit « je vais essayer » car c’est pas sûr que ça marche et que ça plaise. 3 copines ont été mal conseillé à la maternité et finalement elles ont laissé tomber au bout de trois jours! Dans le fait d’allaiter son enfant au sein, il y a plein d’avantages : – ce sont des moments complices avec bébé – Le lait maternel est plein de bonne choses pour bébé et forcément adapté à son âge et besoin (Merci Dame Nature) – c’est gratuit (à la différence du lait infantile) – ça immunise bébé de quelques maladies et le rend plus fort – c’est bon pour la maman (perte de poids de la grossesse, cancer du sein) Bon par contre c’est vrai que papa ne peut pas participer au repas, mais il peut faire le reste (câlin, bain, change) Le début c’est difficile sur le plan moral et douleurs. Il y a 3 ans j’ai eu un engorgement et des mycoses dans le sein, et après ça allait. Là en janvier j’ai eu un REF (réflexe d’éjection fort c’est à dire que le lait
JULIA
J’ai allaité pour plusieurs raisons tout d’abord pour les bienfaits du lait maternel, même si aucune étude n’a vraiment démontré que les enfants nourris au biberon étaient plus fragiles (cf Elisabeth Badinter), pour la complicité partagée avec son bébé, pour l’économie que cela représente et enfin pour mincir plus vite !
L’allaitement pur a duré 3 semaines puis ensuite encore une semaine d’alternance sein/biberon.
Au final, cette expérience pour moi a eu davantage de côtés négatifs que positifs.
Les moments d’échanges avec bébé étaient agréables, les yeux dans les yeux le sentiment de fierté car notre enfant paraît serein et apaisé.
Par contre la prise au sein était compliquée et douloureuse et le rythme infernal, toutes les 2 heures, avec des tétées qui pouvaient durer presque 1 heure car bébé s’endormait en tétant, il fallait donc le stimuler!
La fatigue, l’irritabilité rendait ce moment angoissant. Le sentiment d’être aliénée à son bébé, d’être la seule (exclusion du père) qui peut le calmer n’a pas été épanouissant. Enfin la transformation physique, cette poitrine énorme, lourde et douloureuse, ce sein qui n’est plus qu’une immense aréole…difficile à supporter !
Je ne sais pas si je renouvellerai cette expérience, je pense que je verrai sur le moment si je m’en sens capable et si mon bébé réagit de la même façon. Cela sera forcément différent car d’un enfant à l’autre tout change !