«Beautiful Boy » est un projet en cours qui a débuté par une confession entre deux amis. Un soir dans le métro, mon ami m’avoue avoir déjà porté des vêtements pour femme presqu’exclusivement à l’université, mais après avoir été diplômé, a lutté pour vivre dans un monde qui semblait à la fois nouvellement accepter mais encore insulter l’homme se montrant féminin. J’ai pensé que la photographie lui permettrait d’expérimenter son identité en dehors de l’isolation.
Prendre la première photo fut une expérience émotionnelle. Je me suis connectée à la vulnérabilité de mon ami. Je voulais être sûre que les images ne soient pas un compromis pour l’un de nous, nous avons alors eu plusieurs discussions. Nous avons tous deux eu de longues relations tendues avec la féminité qui a fondamentalement déterminé qui nous sommes. Nos désirs correspondaient. Ils avaient envie de se voir et j’ai été amenée à capturer leur exploration. Une partie de ma propre identité qui défiait l’expression, a aussi émergé. Avec le temps et contre toute attente, nous avons réalisé que nous étions tombés amoureux. Il est devenu mon partenaire romantique et mon collaborateur.
Je voulais photographier sans honte, en montrant sa féminité comme une force. Je voulais me sentir puissante également, avoir une muse intime. Quand je photographie je me sens identique à lorsque je regarde un film où le réalisateur et l’actrice partagent une profonde connexion qui capture ainsi le fantasme. Même si notre relation émotionnelle est privée et réelle, nous jouons un romantisme obsédant et décadent. Nous nous connectons aux images, films et enregistrements de femmes que nous idolâtrons et consommons ensemble.
Collant le langage visuel du passé, j’exploite des récits profonds sur le genre sexuel, le désir, la liberté et les tabous culturels. Le fantasme de se déguiser transforme l’acte d’être photographié en une fusion de la création d’identité à la création d’image. L’appareil photo transpose nos expériences privées en expression publique.