On a du le lui dire souvent : Hans Feurer porte un nom de feu. Les corps qu’ils photographie sont des paysages incandescents. Les regards des filles qu’il piste sous son objectif sont de braises. Les modèles, notoires ou inconnues sont sexy en diable. Les flammes entourent sont travail. Les cheveux crépitent autour des têtes comme des brasiers que Feurer se plait à ne jamais éteindre. Depuis les années 1960, cet amoureux de l’Afrique et des voyages, poursuit une idée de la photographie de mode comme on piste un fauve. Les vêtements sont des peaux aussi légères que les plumes d’un oiseau de grand panache. Les images ne sont pas arrêtées mais suspendues, les regards pris au piège affichent gravité ou effronterie. La beauté des femmes est son territoire. C’est aussi un no man’s land dont il cherche sans cesse les frontières depuis plusieurs décennies après s’être formé dans une école d’art en Suisse. Hans Feurer nous a habitué à donné une iconographie aux noms de la mode qu’il a secondé au lasso. On se souvient des mannequins, Iman ou Sayoko terriblement vivantes dans les images composées qu’il a données pour Kenzo. On se souvient aussi des photographies où les silhouettes se noient dans les paysages embrasés par les soleils violents ou couchants. C’est certain Hans Feurer est un explorateur, de la nature de ceux qui traquent pour remettre en liberté l’objet de leur convoitise.
C’est moins l’espèce de la mode qu’il poursuit dans ses filets que les corps des femmes, voraces ou repus. Ce sont leurs courbes émancipées qu’il aura su magnifier pendant plusieurs décennie contribuant ainsi à figer la cartographie de leurs mouvements et de leurs grâces infinies, seul pays qu’on ne connaissent jamais totalement.
Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris
EXPOSITION
Exposure de Hans Feurer
Jusqu’au 26 septembre 26th 2015
Mead Carney Fine Art
45 Dover Street
Mayfair London, W1S 4FF
Royaume-Uni