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Best Of 2018 – Vivian Maier – L’Autoportrait et son Double

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Vivian Maier (1926-2009) exerça le métier de gouvernante à New York puis à Chicago, au début des années 1950 et pendant plus de quatre décennies.

Une vie entière passée inaperçue jusqu’à la récente découverte, en 2007, de son corpus photographique : une œuvre importante, imposante, dense, constituée de plus de 120 000 négatifs, de films super 8 et 16mm, d’enregistrements divers, de photographies éparses, et d‘une multitude de pellicules non développées. Cette passion qui la débordera, l’a élevée aujourd’hui au rang des plus grands photographes emblématiques de la street photography, et figure dans l’Histoire de la Photographie aux côtés de Diane Arbus, Robert Frank, Helen Levitt ou Garry Winogrand.

La découverte fortuite de son œuvre, vouée à la disparition, voire à sa « destruction », agit presque comme un contresens,  un revers de son destin , car c’est par cette découverte que cette « simple » nanny devient, de manière posthume, Vivian Maier. Vivian Maier, photographe.

Dans l’ensemble de son œuvre, on retrouve des tématiques récurrantes, les scènes de rue, les portraits d’inconnus et de personnes auxquels elle aurait pu s’identifier, le monde des enfants qui a été le sien durant si longtemps, et puis une certaine prédilection pour les autoportraits. Ils sont nombreux dans l’œuvre de Vivian Maier et ils se déclinent sous de multiples formes et variations infinies. Ils deviennent presque un langage dans le langage. Un dédoublement.

Contrairement à Narcisse qui s’abîme dans la contemplation, voire l’admiration de son image, l’intérêt de Vivian Maier pour l’autoportrait ressemble plutôt à une quête éperdue, désespérée, de sa propre identité. Réduite à l’invisibilité, voire à une certaine forme d’inexistence  part sa condition et son statut social, elle confectionera de manière discrète et silencieuse la preuve irrefutable de sa présence dans ce monde où elle ne semble pas avoir sa place. Cette même place que perdra aussi le héros du livre de Aldebert von Chamisso, Peter Schlemihl, lorsque celui-ci vend son ombre au diable et cessera d’exister aux yeux des hommes.

Les reflets de son visage dans un mirroir, sa mise en abîme, et puis son ombre qui s’allonge sur le sol, ou le contour de sa silhouette, chaque autoportrait de Vivian Maier est une affirmation de sa présence à cet endroit, à cet instant.

La modalité récurrante devenue maintenant la signature de ses autoportraits, comme d’ailleurs ceux de Lee Friedlander, est celle de l’ombre portée. Cette ombre, cette silhouette qui se caractérise par son adhérance au corps, ce corps dédoublé en négatif, « taillée dans le réel » a cette faculté de rendre l’absent présent. Car, si l’ombre atteste de l’existence d’un référent, elle en oblitère simultanément la présence. C’est dans cette dualité que Vivian Maier joue avec ce Je au seuil de sa disparition et l’avènement de son double reconnaissant que l’autoportrait est « une présence à la troisième personne (qui) marque exactement la simultaneité de cette présence et de cette absence ».

Et puisque la photographie est un « arrachement à la vie », comme dira Édouard Boubat, dans le cas de Vivian Maier, la somme de ses autoportraits devient la configuration de son identité, une identité qui désormais s’installe dans la durée d’un présent toujours répété et mis sous les scellés de l’Histoire.

 

 

Exposition produite par diChroma photography et organisée par Anne Morin

www.dichroma-photography.com

 

Vivian Maier – The Self-portrait and its Double

4 octobre – 2 decembre 2018

Centro Cultural Las Condes  – Santiago de Chile

Avenida Apoquindo 6570

Las Condes 2018

Santiago de Chile

www.culturallascondes.cl

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