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Arles 2019 : Slim Aarons – French Riviera, Éditions Louis Vuitton

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 Synonyme d’art de voyager depuis 1854, Louis Vuitton continue d’ajouter des titres à sa collection Fashion Eye. Chaque livre évoque une ville, une région ou un pays, vu à travers les yeux d’un photographe de mode.

L’été vibre, frivole et joyeux. Concomitant au Saint-Tropez de Osma Harvilahti, Les Éditions Louis Vuitton publient dans la collection Fashion Eye le livre French Riviera de Slim Aarons. Et les étés du gentleman photographer se veulent une fête perpétuelle, où les corps affranchis de tissus lézardent sur les dalles en attendant la nuit. L’ensemble reflète une décennie forgeant la symbolique du rêve méditerranéen, entre beautés inaccessibles et charmes touristiques. Nos yeux d’aujourd’hui s’y promènent envieux et légèrement amusés.

Saint-Tropez, Antibes, Saint-Jean-Cap-Ferrat, Monaco. L’énumération pourrait s’étendre à Porquerolles ou Nice et suscite un imaginaire usité par les photos à scandale des presses à paillettes. Ces villes suscitent tour à tour un attrait léger comme un regard distancié. Elles forment un rigodon de côtes où les Riva s’ennuient, où les piscines manigancent des amours vaporeux et où hommes et femmes s’écrasent sous le soleil monotone du ciel bleu. Sur cette enfilade de villes bâties, il y a tout autour les paparazzis à l’écart et un photographe à l’endroit.

Slim Aarons est du milieu qu’il photographie. Né le 29 octobre 1916, George Allen Aarons début en photographie par la bataille de Tone Cassino en 1944. Les Alliés perdent plus de 100 000 hommes et sitôt la guerre finie, Aarons décide de s’éloignre du sang, des conflits perpétuels et de la course aux reportages et à l’horreur. Le photographe new-yorkais gagne la côte Ouest, Hollywood notamment, et ses actrices attachées aux bras du moment. Il fréquente tout le beau monde, ce « gentleman photographer » (Patrick Rémy), et finalement fait corps avec le milieu qu’il intègre comme un mérite de ses faits d’armes. Et quand l’Europe s’ouvre à la PanAm, Aarons continue sa vie douce sur les rives du Sud, des palaces aux villas. Il y a réconfort plus triste.

Son œil raconte des scènes d’exubérance, tel que l’élégance du Baron Enrico di Portanova à Monte Carlo, sa veste Angelo aux poches à cigares ; il enregistre à profusion les postures lascives, comme les virées en mer des princes héritiers, capitaine d’écumes fines ; et sa photographie décrit à la longue les corps sans défauts d’actrices oubliées par le soleil et notre monde. Plus amusant, et sans doute sans intention véritable, le photographe témoigne aussi de l’exubérante construction de ce littoral méditerranéen. Monaco forme déjà ce rocher sculpté de béton armé. Saint-Tropez résiste par son village, mais son port lui s’encombre. Et Antibes ressemble s’adosse de villas ; Sur les rivages, les flottilles par centaines donnent l’illusion d’une respiration. Les villes, sans concert, ont ainsi amorcé leur transformation en circuit touristique.

La grâce finalement de ce French Riviera de Slim Aarons ne tient pas tant à la beauté de sa photographie. D’autres excellent à sa mesure. Le Monte Carlo d’Helmut Newton trouvait la vibration et le mystère nécessaire à un jeu architectural et érotique. Aarons lui tient plus du catalogue de cartes postales, et si celles-ci font rêver, elles provoquent également un détachement. L’ensemble suscite un mouvement élégant, reflétant le caractère joyeux et léger de cette époque – révolu aujourd’hui – où photographier était avant tout séduire. Non, la véritable grâce de ce livre tient aux choix éditoriaux réalisés par les Editions Louis Vuitton. Frédéric Bortolotti à la direction artistique et Frédérique Stietel au graphisme livrent un ouvrage soyeux et chic. Le choix d’un papier légèrement laqué et glossy renvoie au papier des publicités des vieux Harper’s Bazaar. La typographie rappelle les rondeurs des années hippies, et l’héritage de cette liberté dans l’idylle méditerranéenne. Enfin, le choix des pleines pages, sans aucune marge, éblouit l’œil de soleil et de couleurs vives. Ces choix épousent l’esprit des photographies d’Aarons. Avec ce livre, la Côte d’Azur ne sature pas trop de sa beauté.

Arthur Dayras

 

https://fr.louisvuitton.com

https://us.louisvuitton.com/eng-us/lv-now/art-travel

 

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