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Marcel Fleiss et Roland d’Ursel à Anvers par John Devos

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Archives – 25 mai 2023

Boris Vian ou Jazz en paroles, poésie, esprit, musique et… images.

À Anvers, dans le quartier maritime, se trouve l’ancien magasin Rossaert spécialisé dans les casquettes de marins et les képis, qui abrite depuis quelques années la Galerie Ronny & Jessy Van de Velde.

Aujourd’hui, une petite exposition est consacrée à Boris Vian (1920-1959) et à sa génération, plus ou moins comparable à la Beat Generation aux Etats-Unis. Boris Vian est l’exemple type du polymathe : auteur, poète, scénariste, chansonnier, librettiste, traducteur, acteur, peintre, musicien de jazz, critique de jazz, polémiste, critique et ingénieur – et croyez-moi, la liste n’est pas exhaustive. La personnalité de Vian a eu une grande influence sur la culture (française), surtout après sa mort prématurée. En son temps, il a fait parler de lui en tant que polémiste (il a pris la défense du bebop, du roman noir et de la science-fiction, tous trois considérés par ‘les vieux’ comme des expressions décadentes), en tant que pacifiste (il s’est opposé à la guerre d’Indochine et à la course à la bombe atomique), en tant que pourfendeur de la morale (son roman, sa pièce de théâtre et son film J’irai cracher sur vos tombes ont été interdits et Vian a été persécuté).

Deux aspects particuliers de l’exposition Rossaert intéresseront les lecteurs de l’Oeil de la Photographie : les portraits photographiques de Roland d’Ursel et les photographies de concert de Marcel Fleiss. Ce n’est pas par accident que deux jeunes hommes représentent leur époque : d’Ursel avait entre 22 et 26 ans, Fleiss entre 17 et 20 ans !

Roland, comte d’Ursel (1926-2006) réalise entre 1948 et 1952 une série de portraits des artistes les plus notoires de son époque : on y voit, entre autres, Magritte, Ensor, Permeke, Alechinsky, Marcel Marceau et… Boris Vian. Boris Vian pose dans son atelier avec un autoportrait surréaliste – Vian a certainement été influencé par le surréalisme et l’absurde, il a rejoint le Collège de Pataphysique dès 1953.

Marcel Fleiss (né en 1934) est surtout connu aujourd’hui comme fondateur et directeur de la célèbre Galerie Quatre Mouvements (fondée avec les encouragements de nul autre que Man Ray) et de la Galerie 1900-2000 à Paris, mais on sait moins qu’entre 1951 et 1954, il a réalisé une brillante série  de photos dans les clubs de jazz de Paris et de New York. Le jeune Marcel Fleiss est envoyé à New York par ses parents pour apprendre le métier de pelletier (fourreur). Il avait déjà été initié à la musique de Jazz dans les clubs de Saint-Germain avant son départ, mais à New York, il se trouve au bon endroit au bon moment. On lui refuse d’abord l’entrée au club Birdland parce qu’on y sert de l’alcool et qu’il n’a que 17 ans, mais il promet au propriétaire de ne boire que des boissons non alcoolisées. Une fois à l’intérieur, il commence à prendre des photos des concerts, le jeune homme entreprenant se lie rapidement d’amitié avec des musiciens de jazz, et il envoie des critiques et des photos de concerts à Jazz Hot, l’organe officiel du Hot Club de France. Outre Birdland, il se rend régulièrement à l’Apollo et au Down Beat. Les concerts auxquels il assiste font rêver tous les amateurs de jazz : Miles Davis, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Erroll Garner, Billy Taylor, John Lewis, Lester Young, Ella Fitzgerald, Lee Konitz, Charlie Parker, Art Tatum, Max Roach, Oscar Pettiford, Stan Getz, Milt Jackson, Art Blakey, Nat King Cole et Sarah Vaughan.

En 1954, il doit faire son service militaire et rentre en France, mais ses goûts musicaux changent également : il se passionne pour la musique brésilienne, ce qui marque immédiatement la fin de ses visites dans les clubs de jazz et de sa « carrière photographique » – les images disparaissent dans un tiroir pendant 50 ans… Marcel Fleiss ne fait pas la connaissance de Boris Vian, bien qu’ils écrivent tous les deux pour Jazz Hot -.

En 2007, Fleiss a été salué lors d’un colloque du Getty Research Institute comme un pionnier de la ‘photographie de concert à fort contraste’ avec William Claxton (1927-2008), mais il faut attendre 2018 pour voir la première exposition d’une sélection de ses images. Aujourd’hui, une belle série est exposée à la Galerie Rossaert à Anvers.

Petite exposition sur un segment de temps marquant et une figure importante de l’histoire culturelle, qui met également en lumière deux photographes : Marcel Fleiss et Roland d’Ursel !

 

Boris Vian (1920-1959) jusqu’au Dimanche 25 juin 2023

Rossaert
Nosestraat 7
2000 Antwerpen

L’exposition est répartie sur le rez-de-chaussée et les trois étages de la maison Rossaert, et peut être moins accessible aux personnes à mobilité réduite.

Horaires d’ouverture du vendredi au dimanche de 13 à 18 h
https://www.ronnyvandevelde.com/rossaert
+32 0477 55 10 28
Ronnyvandevelde (ad) outlook.com

 

John Devos
johndevos.photo ad gmail.com

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