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Best Of 2018 – L’usine JR à la MEP

Preview

L’artiste expose ses travaux à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Un catalogue qui met en avant le gigantisme de ses oeuvres.

D’emblée nous sommes conviés à un spectacle qu’on pourra trouver ludique ou bien navrant : la maquette d’un porte-conteneurs qui témoigne de l’oeuvre intitulée Women are Heroes où JR avait placé la photographie des yeux d’une femme kenyane sur les flancs des conteneurs d’un navire parti du Havre. Cette maquette n’est pas la seule. À l’étage, cette fois, ce sont des petits trains mécaniques qui montrent à leur tour les collages que JR avait réalisés sur des trains en Inde. On peut être fasciné par ces actions spectaculaires, mais ici, dans l’enceinte d’un musée, il y a comme une contradiction: nous sommes voués à les voir reproduites en miniature et il est difficile de ressentir le caractère grandiose de l’oeuvre.

Idem pour sa série Giants. Même si une installation tente de dire la monumentalité de ces photographies placées sur des échafaudages, elle ne donne qu’un vague aperçu de ce qu’elles devaient être effectivement au Brésil sur un immense immeuble de Rio de Janeiro. Condamné à ne voir qu’une photographie d’une photographie, le visiteur pourra être vite lassé et frustré.

Dialogue secret

D’autant que l’exposition promet de voir les dessous des choses, mais elle n’y parvient qu’à moitié et nous laisse dans un certain désarroi. En effet, elle prétend révéler les coulisses de ces installations grandioses. Mais elle ne donne aucun chiffre. Combien de personnes travaillent sur ces échafaudages gigantesques pour installer l’oeuvre? « Entre 40 et 60 personnes, je ne sais pas très bien » nous répond l’artiste alors que pour le vernissage presse de l’exposition il a choisi de ne pas se montrer et préfère dialoguer à travers un tuyau installé dans une petite salle conçue pour faire passer des trains miniatures. « Il préfère garder ce mystère, ne pas être confronté directement à quarante journalistes, mais plutôt à avoir un dialogue secret avec chacun » explique une attachée presse. Résultat : nous n’aurons qu’un bref entretien, certes amusant, mais aussi contraignant et vague. Nous ne saurons pas non plus combien coûtent ces installations tandis que des papiers administratifs témoignent de l’ampleur de l’entreprise et qu’ils sont, heureusement, mis à disposition des visiteurs.

JR partout

Globalement la scénographie déçoit et manque d’informations. La Maison Européenne de la Photographie va même jusqu’à renvoyer au film Visages Villages de JR et Agnès Varda au lieu d’expliquer une photographie. « Vous n’avez qu’à le regarder » dit implicitement la légende. Plus loin, c’est une installation montrée pour la première fois en Europe et pour la faire fonctionner il faut télécharger une application sur son téléphone portable. Certains diront qu’il s’agit d’une oeuvre du futur. D’autres y verront peut-être une façon supplémentaire de s’immiscer dans la vie des gens comme le font finalement ces installations gigantesques, en ce moment exposées aussi dans le métro parisien à l’occasion de cette exposition. JR partout. JR nulle part ? Car, à force de produire des installations semblables et qui jouent sur la même corde sensible des bons sentiments, l’artiste donne parfois l’impression de tourner en rond. Dommage, d’autant que l’exposition présente ses premiers clichés lorsqu’il suivait un groupe de graffeurs à Paris au début des années 2000 et cette série est très belle, elle laissait espérer un grand photographe en devenir. Où donc est passée cette verve, cette expression poignante ?

Jean-Baptiste Gauvin

 

JR – « Momentum, la mécanique de l’épreuve »

7 novembre 2018 – 10 fevrier 2019

La Maison Européenne de la Photographie

5/7 Rue de Fourcy – 75004 Paris

www.mep-fr.org

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