Rechercher un article

Le Questionnaire : Jeff Widener par Carole Schmitz

Preview

Jeff Widener : Au coeur de l’actualité

Connu principalement pour sa photo prise de l’homme face au tank lors de la révolte de Tian’anmen de Pékin en 1989, « Tank Man », –une image qui a fait la une de nombreux journaux et magazines à l’époque et a fait de lui l’un des finalistes nominés pour le Pulitzer 1990-, Jeff Widener est un photo-journaliste très respecté et récompensé pour son travail (le prix DART de l’Université Columbia, le prix Harry Chapin Media, la médaille Casey pour le journalisme méritoire, le prix Scoop en France, etc)…

Widener a grandi dans le sud de la Californie où il a fréquenté le Lycée Reseda , le Los Angeles Pierce College et le Moorpark College en se spécialisant en photojournalisme. En 1974, il obtient la bourse nationale de photographie Kodak Scholastic, face à 8 000 étudiants de tous les États-Unis. Le prix comprenait un voyage d’étude en Afrique de l’Est.

En 1978, Widener débute sa carrière de photographe de presse en Californie et plus tard il part pour le Nevada puis l’Indiana. À 25 ans, il accepte à Bruxelles, un poste chez United Press International. Sa première mission à l’étranger fut les émeutes de Solidarité en Pologne.

Au fil des ans, il a couvert des missions dans plus de 100 pays impliquant des troubles civils et des guerres à des problèmes sociaux. Il a été le premier photojournaliste à déposer des images numériques du pôle Sud. En 1987, il a été embauché en tant que rédacteur en chef de l’Associated Press Picture pour l’Asie du Sud-Est, où il a couvert les principales histoires de la région, de la guerre du Golfe aux Jeux olympiques. D’autres affectations comprenaient le Timor oriental, l’Afghanistan, le Cambodge, la Birmanie, la Syrie, la Jordanie, l’Inde, le Laos, le Vietnam, le Pakistan et bien d’autres.

 

Votre premier déclic photographique ?
Jeff Widener : J’ai encore la photo. Celle de mon grand-père marchant vers notre maison à Canoga Park en 1967, en Californie. L’appareil était un Kodak Flashfun Hawkeye offert par mes parents, j’avais 10 ans.

L’homme ou la femme d’images qui vous inspire ?
Jeff Widener : Ils sont plusieurs, dont : Josef Koudelka, Eliott Erwitt, W. Eugene Smith, Larry Burrows.

L’image que vous auriez aimé faire ?
Jeff Widener : Je l’ai déjà faite … « Tank Man ».

Celle que vous regrettez de ne pas avoir faite ?
Jeff Widener : J’aurais aimé faire plus d’images du soulèvement de la place Tiananmen. Je me suis blessé à la tête la nuit du massacre et j’avais la grippe. Et puis, j’avais aussi tout simplement trop peur.

Celle qui vous a le plus ému ?
Jeff Widener : L’image d’une jeune fille Américaine dans la rue en Italie en 1951 de Ruth Orkin. Une image fantastique de photographie de rue.

Et celle qui vous a mis en colère ?
Jeff Widener : Je n’ai jamais pris de photo qui m’ait mis en colère, mais lors d’un crash d’Air Vietnam à Bangkok dans les années 1980, j’ai vu un groupe de photographes thaïlandais demander à un secouriste de brandir la jambe coupée d’un passager pour une photo. Je n’ai pas pu le supporter.

Si vous deviez choisir une seule parmi vos images ?
Jeff Widener : « Tank Man », car cette image confirmera toujours ma présence sur cette planète.

Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Jeff Widener : Je dois revenir à « Tank Man ».

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Jeff Widener : Ce n’est pas tant une question de qualité que de capacité à ressentir une réponse émotionnelle à votre environnement et d’être capable d’anticiper le moment décisif avant qu’il ne se produise.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Jeff Widener : Une image parfaite est une image qui raconte instantanément une histoire et qui reste pendant des semaines ou des années dans votre cerveau. Elle peut vous rappeler une chanson, un ancien amant ou une période de votre vie. An American Girl in Italy 1951 de Ruth Orkin en est un exemple classique.

La personne que vous rêveriez de photographier ?
Jeff Widener : J’ai déjà photographié à peu près tous les chefs d’État, les membres de la royauté et les célébrités, mais si j’avais pu un jour… J’aurais aimé suivre les Beatles à leur apogée, avec un accès total et complet. La dynamique et la couverture et la répercussion mondiale auraient été phénoménales.

Un livre de photos essentiel ?
Jeff Widener : Josef Koudelka – Exile.

L’appareil photo de vos débuts ?
Jeff Widener : Nikon FTN, Nikon F2.

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Jeff Widener : Leica M7, Leica R8, Nikon D810.

Votre drogue préférée ?
Jeff Widener : L’approbation.

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Jeff Widener : Certains de mes moments préférés ont été des nuits passées seul dans une maison d’hôtes du tiers-monde, sans électricité. C’est dans ces moments-là, assis dans le noir, que l’on se perd dans une réflexion personnelle. Puis, lorsque les choses deviennent déprimantes, vous sortez et vous êtes accueilli par des palmiers qui se balancent et un ciel nocturne rempli d’étoiles. C’est dans ces moments-là que je me sens vraiment vivant.

Votre plus grande qualité
Jeff Widener : Le pardon.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Jeff Widener : Charles Lindbergh.

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Jeff Widener : Photographe « culinaire ».

Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
Jeff Widener : Le coût n’est pas un objet pour les reportages auto-assignées.

Les valeurs que vous souhaitez partager à travers vos images ?
Jeff Widener : J’apprécie l’honnêteté. Le journalisme est une profession noble, neutre et impartiale. Toute déviation est un sacrilège pour la profession.

 La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Jeff Widener : Le pôle Nord. Je suis allé au pôle Sud. Après avoir couvert des missions dans plus de 100 pays, j’ai constaté que la plupart des cultures ont à peu près les mêmes désirs, surtout lorsqu’il s’agit de la famille.

Votre plus grand regret ?
Jeff Widener : Trop de choses à énumérer.

Instagram, Tik Tok ou snapchat ?
Jeff Widener : Instagram.

Couleur ou N&B ?
Jeff Widener : Ça dépend de ce dont on a besoin. Mais j’ai un faible pour la Tri-X 400.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Jeff Widener : En fonction des besoins, mais je préfère la lumière naturelle.

La ville la plus photogénique selon vous ?
Jeff Widener : New York City. Un singe aveugle pourrait trouver une photo à faire.

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Jeff Widener : Ni l’un ni l’autre. Je le remercierais simplement.

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Jeff Widener : Des centres commerciaux en flammes.

Qu’est-ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?
Jeff Widener : La santé mentale.

Et si tout était à refaire ?
Jeff Widener : Je voudrais me souvenir de tout.

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android