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le lieu unique : Mario Del Curto : Humanité Végétale

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L’idée de cette exposition naît il y a plus de dix ans. Après un premier travail avec Mario Del Curto autour de la notion de « Mondes miroirs », les univers personnels et le plus souvent hors du commun d’artistes dits « bruts », nous élaborons ensemble un projet autour des jardins utopiques : en effet, plus que tout autre environnement peut-être, le jardin marque la volonté de l’être humain d’exercer son emprise sur la nature. Car le jardin, ce n’est pas la nature sauvage comme nous le croyons parfois, mais un milieu fabriqué, clos et maîtrisé. Se pencher sur le jardin ouvrait donc la porte à se pencher sur l’impact de l’être humain sur le milieu naturel.

C’est cette porte que Mario Del Curto a rapidement ouverte, s’éloignant de la commande initiale pour embrasser un sujet tellement vaste que seul un créateur de son expérience pouvait s’y frotter.

Reste en filigrane ici cette question du jardin. Car il est possible d’imaginer contrer la dichotomie ville-nature en amenant des pans de verdure dans les agglomérations. Les jardins répondent aux grands maux d’aujourd’hui : la perte de contact direct avec notre environnement originel, la transformation irrémédiable de notre écosystème, les changements climatiques, la diminution des ressources énergétiques.

Par ailleurs, le jardin reste fondamentalement utopique car il reproduit un vaste monde à une échelle gérable, administrable. Ainsi les jardins botaniques, comme celui de Nantes, rassemblent sur un terrain réduit des spécimens qui ne cohabitent pas à l’état sauvage, et proviennent parfois des quatre coins du globe.

Bien sûr, une aspiration encore plus importante guide l’institut Vavilov ou la réserve mondiale de semences du Svalbard qui, dans leurs velléités de réunir un maximum d’espèces, regroupent et contiennent des centaines de milliers d’échantillons, avec une vision encyclopédique peut- être démesurée, voire inquiétante, comme sauvegarde d’une partie du vivant. L’ombre de la catastrophe à venir y plane continuellement.

De fait, le jardin est fondamentalement politique. L’objectif de Mario Del Curto n’est jamais bien loin d’un propos d’avertissement – sans être moralisateur : comme l’avait déjà exprimé Candide, la ténacité avec laquelle nous cultivons notre jardin, ainsi que la façon dont nous considérons la nature, n’est que transposition de ce que nous faisons pour notre environnement et la société dans laquelle nous vivons.

Aujourd’hui, la démarche du photographe prêche pour un salut qui passerait par un double mouvement : la préservation et l’imaginaire. L’utopie qu’il nous propose, avec sa tension propre au genre, entre prise sur le réel et vision d’avenir, consiste à ré-envisager notre rapport entre nature et humain, en assumant notre impact sur la Terre et en réinvestissant le jardin de sa force métaphorique. Plus qu’une échappatoire temporaire, il présente une perspective, dont même les plus désabusés peuvent se sentir investis et porteurs. Car quoi que l’avenir nous réserve, nous ne ferons pas l’économie de l’action.

Patrick Gyger, Directeur du lieu unique

 

L’exposition

Mario Del Curto : Humanité Végétale

Jusqu’au 30 août, 2020

le lieu unique

Centre de culture contemporaine de Nantes

Île de Versailles, Nantes

www.lelieuunique.com

 

Le livre

Mario Del Curto : Humanité Végétale

L’exposition accompagne la sortie du livre Humanité Végétale.

Éditions Actes Sud, 2019. 480 pages.

Format 24 x 30 cm.

En vente en librairie et dans l’exposition. 49€.

https://www.actes-sud.fr/

 

 

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