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Best Of 2018 – Jean-François Bauret, extraits

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À l’occasion de la parution de la monographie de Jean-François Bauret aux éditions Contrejour, la galerie Sit Down présente, une exposition de tirages d’époque choisis dans l’ensemble de son œuvre. C’est son frère Gabriel qui a écrit ce texte. Nous tenons encore à le remercier.

Je me souviens…

Lorsque Jean-Jacques Naudet m’a invité à commenter la parution de la monographie de Jean-François Bauret aux éditions Contrejour, il m’a laissé toute liberté d’aborder le sujet comme je l’entendais. J’ai pensé que certains souvenirs pourraient ici croiser une forme de reconnaissance. En effet, si Jean-François n’avait pas exprimé sa curiosité quant aux chemins que j’allais emprunter au sortir de mes études, je ne me serais peut-être pas engagé dans le monde de la photographie. Destiné à une carrière universitaire, nourri par les enseignements de Roland Barthes à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, je cherchais une activité qui me permette de conjuguer mon intérêt pour les théories relatives au langage visuel et un environnement familial marqué par des préoccupations artistiques. J’étais à l’écoute de mon entourage, mais je ne me voyais pas vraiment travailler dans l’enseignement, même si un poste de chargé de cours à l’université de Paris X Nanterre m’avait permis de travailler sur la sémiologie de l’image.

Il se trouve que les premiers textes que j’ai publiés sur la photographie ont porté sur les recherches de Jean-François. En 1975, à l’occasion d’un projet d’exposition sur ses portraits d’hommes nus qui furent très remarqués – le magazine Photo leur consacre un portfolio qui met l’accent sur l’audace du photographe consistant à déshabiller le corps masculin -, il me propose de rédiger la préface d’un ouvrage à paraître aux éditions Balland : Portraits d’hommes nus connus et inconnus. Puis Jean Ristat, qui dirige alors la nouvelle revue littéraire Digraphe, m’offre la possibilité de publier sur ces mêmes images une étude intitulée Le portrait du corps (numéro 4).

Les échanges sur la photographie avec Jean-François sont variés. Il me permet ainsi d’acquérir un Nikkormat chez Images, un magasin de la rue Saint-Augustin, près de l’Opéra, où je me souviens que l’on parlait de lui avec beaucoup de respect. « Comment va Jean-François ? » : cette phrase, je l’ai souvent entendue lorsque je me présentais, en venant de sa part, à quelqu’un du milieu de la photographie. Il me fait rencontrer Claude Nori – je me souviens de sa maison d’édition installée dans un ancien magasin de la rue de l’Ouest, à Montparnasse -. Le jeune et passionné créateur de Contrejour me confiera la rédaction d’un texte sur l’histoire du nu dans la photographie pour un ouvrage qui paraît en 1981, sous le titre Nouveaux nus.

C’est chez Jean-François que je découvre le livre de Susan Sontag traduit au Seuil en 1979, dans la collection Fiction et Cie dirigée par Denis Roche : l’un des premiers textes constitués d’analyses et de pistes de réflexion sur la photographie qui se démarquent d’une approche purement historique. Il sera suivi de La Chambre Claire, ouvrage incontournable aujourd’hui de Roland Barthes, qui révèle encore une autre manière d’aborder et de penser cet art. L’auteur m’avait confié, je me souviens, que ce livre ne plairait peut-être pas aux photographes, parce que trop personnel.

Jean-François me parle chaque été des Rencontres d’Arles : il me faut absolument connaître selon lui cette ville où s’expriment une énergie hors du commun et les talents photographiques les plus divers – il y anime régulièrement des stages qui n’ont pas manqué d’imprimer d’inoubliables souvenirs chez celles et ceux qui les ont suivis -. Ce sera chose faite en 1980 puisqu’il me propose de réaliser pour l’ANPPM (Association des Photographes de Publicité et de Mode, dont il fut président) une projection au théâtre antique sur la photographie de mode. Et pour les besoins de cette projection, il m’envoie rencontrer quelques-unes des figures majeures du moment : Peter Knapp qui possède alors un studio au-dessus du Moulin Rouge, Frank Horvat que je retrouve dans les studios de Vogue, place du Palais Bourbon, et Georges Tourdjman, installé dans les locaux du magazine Harper’s Bazaar, rue de Richelieu.

Mais l’étape décisive fut certainement le texte que Jean-François me demande d’écrire sur ses prises de vue au Polaroid pour le magazine Zoom dont il fut, dès sa création en 1970, l’un des plus fervents contributeurs. Mon article sera publié en 1980, dans le numéro 69. Quelques mois plus tard, le directeur de Zoom me propose de reprendre le poste de secrétaire de rédaction qui vient de se libérer. La voie est tracée … encore une fois, grâce à Jean-François.

 

Gabriel Bauret

Gabriel Bauret est auteur et commissaire d’expositions à Paris. 

 

Jean-François Bauret, Extraits
Du 25 mai au 23 juin 2018
Galerie Sit Down
4 Rue Sainte-Anastase
75003 Paris
France

www.sitdown.fr

 

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