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Imaginaire et fabrication : Dillon DeWaters

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Tissée dans l’obscurité et la malhonnêteté de l’abstraction se tapit une réaction sublime et sombre, pensive et prégnante. Dans sa finalité souvent travaillée, elle est profondément révélatrice. Ce n’est pas que Dillon DeWaters soit plus honnête, ni moins honnête. C’est simplement qu’il accueille la réalité de sa vision. Illusoire et joueuse, son imagerie déchaîne ouragans et ravissements. La terreur qu’elle recèle est un indice de pouvoir et de beauté. Elle nous étouffe, en nous insufflant inquiétude et passion. On ne peut détacher son regard. Des prunelles affamées qui brûlent, voient, désirent. Dans l’assemblage maladroit de ces photos, la main est là, l’esprit n’est pas trompé, le muscle est déjà ailleurs – comme le sont les yeux. L’intrigue de Dillon DeWaters réside dans le malentendu et la recherche d’un semblant de réalité. Ses travaux sont la manifestation d’une sorte d’accident qui fait naître de nouveaux aboutissements.

Tout vient des entrailles de l’appareil. Les couleurs embellies de Dillon DeWaters sont chargées d’inconscient, de déception, de dangers et de menaces. Un rai de lumière, un corps sans visage, des bouts et des morceaux, organisés en assemblage abusif. Les expériences qu’il confectionne lui appartiennent en propre. Une histoire toute en nuances émerge, les choses se délient. Les objets curieusement rassemblés exhalent des senteurs passées, mais les œuvres sont ancrées profondément dans le présent. Leur interprétation relève de l’individu et de l’unique. Elles aspirent à quelque chose. Une atmosphère imprégnée de véhémence cristallise et fige le caractère communautaire de cette imagerie. Ensemble, ses images sont oblongues et obtuses, abjectes et abstraites, joyeuses, et aussi rusées.

Une aura de mystère leur accorde juste ce qu’il faut pour qu’elles créent leur propre surnaturalité. La collection d’imagerie de l’artiste se présente comme une compilation de savoir qu’il convient d’exposer, de comprendre et de compléter. Un assortiment dédié au bizarre ne peut aboutir à un tableau exhaustif. Il incombe aux gens d’y insuffler un peu de leur âme pour comprendre ce qui se passe. Des hallucinations inhabituelles se forment et se déforment, imprévisibles. Les humeurs nées de projets actuels nous assomment violemment, forçant l’accouchement d’idées nouvelles. DeWaters est un drôle d’homme. L’incertitude et l’amusement viennent troubler des histoires qui le galvanisent. De lui émanent l’espièglerie tout autant que l’horreur. Les œuvres dansent dans cet endroit merveilleux.

Le spirituel et l’alchimie capturent l’essence de lieux qui n’ont pas de nom. Un photographe de ce qui ne se voit pas élucide l’intangible. Celui qui est présent et qui regarde capitule et s’abandonne aux sensations. Il n’est pas besoin d’être véritablement humain mais simplement au bord de la participation. L’impulsion de DeWaters est présente dans l’obscurité de sa composition. Et ces teintes… presque horrifiantes, elles transpercent à l’apogée du sublime. Une vision de néant nouvellement reformé libère un nœud coulant. Il n’est aucune restriction. Sommets montagneux, tas de braises, cieux nouvellement emplis. L’imagination est la faculté ou l’action de créer de nouvelles idées, images ou concepts d’objets externes, absents des sens. Cette aptitude vit en chacun de nous, et se trouve au cœur de ce qu’est Dillon DeWaters.

Efrem Zelony-Mindell

Efrem Zelony-Mindell réside à New York. Il est écrivain, photographe et commissaire d’exposition indépendant.

 
Dillon DeWaters, Weapon, shapely, naked, wan
Livre publié par Silent Face
35 $

http://www.dillondewaters.com/

https://www.dashwoodbooks.com/pages/books/16639/dillon-dewaters/weapon-shapely-naked-wan

http://www.silentface.org/

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