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Genève : Urs Fischer et ses faux semblants à la rescousse du Musée d’art et d’histoire de Genève

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Dans un contexte compliqué de rénovation pour le Musée d’art et d’histoire de Genève, le collectionneur et promoteur Dakis Joannou, président fondateur de la fondation Deste née à Genève en 1953, et Massimiliano Gioni, brillant commissaire de la Biennale de Venise en 2013, imaginent « Faux Amis« , exposition monographique d’Urs Fischer d’un nouveau genre, en face à face avec des artistes majeurs de la collection. De quoi surprendre et réveiller l’institution au devenir incertain !

Entre similitudes et dissonances, ce parcours dans les galeries historiques imposantes du musée déjoue attentes et pronostics.

Dès le départ un oeil placé comme sur une porte pour dévisager les visiteurs, nous incite à une posture ambiguë, celle du voyeur. Il est vrai qu’un étrange spectacle nous attend. Un squelette se mire dans un miroir sous le regard d’une sculpture baroque de Louis XIV (Jeff Koons) et d’une étreinte charnelle (Jeff and Ilona », sa femme la star du X à l’époque) tandis que la truie marron de Paul MacCarthy ou l’animal faussement archéologique en forme de tirelire de Fischli & Weiss tissent des liens symbolisés par ces lignes de fuite pour un concert teinté de fausses notes et de sarcasmes. Cette imagerie échappée de contes pour enfants est comme souvent chez l’artiste zurichois à double tranchant, comme on s’en aperçoit vite dans cette mise à dos entre le cheval futuriste de Fischer et l’âne taxidermé de Maurizio Cattelan dans un état plus que périlleux, avant que n’entrent en scène les sirènes dégoulinantes de Fischer selon un procédé de cire bien connu, incarnant une métaphore de la ruine et du délitement que l’on retrouve dans le grand piano pourpre s’évidant de l’intérieur comme du plastique fondu.

Et que dire de la photographie de Cindy Sherman captive dans sa réserve muséale aux couleurs douteuses, du lit en bois vaguement familier de Gober, de la porte entrouverte sur laquelle veille le pigeon de Cattelan, si ce n’est que le monde de l’enfance est peuplé de fantômes et de cauchemars !

Même le Pinocchio de Walt Disney qui joue les trompe-l’oeil dans la salle suivante dans une machination labyrinthique très « duchampienne » nous déroute dans ses multiples reflets. Ces jouets déformés court-circuitent le regardeur qui tente en vain de rentrer dans cette étrange chorégraphie, une vaste mascarade qui culmine en la maison de pain de Fischer, résurgence de la maison de poupée de Robert Gober même si les correspondances restent extrêmement instables.

Supercheries complices d’un large simulacre où il est question de l’apparence et du régime des images, sur fond de grandes références à l’histoire de l’art. Des collisions déroutantes où les faux pas et chausse-trapes sont nombreux mais ouvrent des perspectives critiques inédites. Un jeu de dupes où vous serez mis à rude épreuve !

EXPOSITION
Faux Amis
Urs Fischer
Jusqu’au 17 juillet 2016
Musée d’art et d’histoire de Genève
Rue Charles-Galland 2
1206 Genève
Suisse
http://institutions.ville-geneve.ch/fr/mah/

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